René Paraire : vigneron windsurfer [par Thierry Masdéu]

Passionné de glisse extrême sur flots et poudreuse depuis l’adolescence, ce viticulteur et oléiculteur établi à Terrats s’impose, pour pouvoir exercer sa passion extra agricole, une discipline et une organisation rigoureuses, notamment en été avec des journées qui débutent à 3 heures du matin. Mais quand on aime, on ne compte pas… Rencontre !

Joueur vétéran du club de rugby de l’US Thuir XV, où il évoluait en 1re division, il est aussi, depuis 30 ans, élu à la MSA, où il occupe actuellement, pour les Aspres, la fonction de président cantonal. Portrait d’un agriculteur et windsurfer effréné, dont les deux passions débordent aussi largement sur sa vie privée. Né le 18 août 1962, c’est auprès de son père, Noël, son grand-père maternel Joseph et de son oncle Abbon, qu’il prend raidement goût aux métiers de la terre. Un acquis qui lui ouvrira, avec son brevet de technicien agricole, la voie pour suivre et exercer des formations à travers le monde. Un périple qui durant sa jeunesse l’a conduit en tant que “conseiller agricole à l’étranger” aux quatre coins de la planète. USA, Argentine, Chili, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Australie etc., et toujours avec les mêmes exigences. “Par le biais du ministère de l’Agriculture, je choisissais des missions courtes avec des contrats de 3 à 4 mois, à condition que les lieux réunissent ma sainte trilogie : de la vigne, une côte pour surfer et que l’on y pratique le rugby !” évoque avec passion ce sportif que le mal du pays a toujours empêché de rester trop longtemps éloigné des siens.

Après quelques années de parcours initiatiques et mémorables, il reprend l’exploitation familiale. Un vignoble de 38 hectares, une oliveraie de près de 2 hectares et quelques abricotiers composent son quotidien agricole. Une profession pour laquelle il souhaiterait beaucoup plus de considération que de procès. “Qu’on nous fiche la paix ! Nous sommes des garants de la nature, nous ne sommes pas des fous, nous savons parfaitement quand et comment utiliser les produits, nous passons tous en certification haute valeur environnementale, alors de grâce, il faut arrêter ce stupide agribashing qui ne mène à rien !” déplore avec lassitude le vigneron, qui peste aussi sur les lourdeurs administratives, chronophages sur les tâches d’exploitation et qui empiètent sur la vie privée.

La thérapie de “René de Roses”…

“J’ai la chance d’avoir une épouse, des enfants et parents adorables, compréhensifs et qui me soutiennent !” affiche avec gratitude René, qui n’hésite donc pas, pour entretenir son moral et dès qu’il en a la possibilité, à s’adonner au plaisir de surfer les vagues. “C’est ma thérapie, les planches, les voiles et combinaisons sont toujours rangées dans le véhicule et dès que les conditions météo s’y prêtent, je n’hésite pas, je suis à l’eau!”
À l’instar du personnage de fiction “Brice de Nice”, les vagues, notre windsurfer local, qui signe en clin d’œil “René de Roses” sur son profil Facebook, ne les a pas affrontées qu’en rêves. Des spots d’Hawaï, en passant par ceux de l’île de La Réunion, de Tahiti, ou de l’île Maurice, qu’il a parcouru durant sa jeunesse, il ne garde que de bons souvenirs et anecdotes. “À La Réunion, je me souviens de spots terribles avec de grosses vagues comme à Saint-Leu, d’ailleurs j’y ai cassé de nombreuses planches, ou celui de Saint-Paul que l’on surnomme « le spot des riches » !” Si ces zones aux vagues mythiques restent éloignées, chez nous, et ce n’est plus un secret pour personne, nous disposons, grâce aux dépressions qui remontent entre la Corse et le continent, d’une moyenne de 80 jours de surf par an.

Huit heures à la nage pour regagner le rivage…

Des coups d’Est qu’il guette avec intérêt, comme son acolyte André Lorda, alias “Andros Decuda”. “Ce moment-là c’est juste magique et il faut absolument que nous allions à l’eau ! Il y a quelques bons spots dans le coin, évidemment pour aller sur ces vagues il faut aller un peu loin du rivage, mais en windsurf c’est l’idéal !” Des conditions qui peuvent s’avérer délicates, comme la fois où, parti seul, il s’est fait une belle frayeur. “En 40 ans de planche à voile, ce jour-là, au large de Saint-Cyprien, mon mât a cassé et j’ai nagé plus de 8 heures pour regagner le rivage sur une plage d’Argelès-sur Mer !” Cet épisode qui aurait pu être tragique, n’a nullement découragé ce grand passionné qui, à chaque fois qu’il déploie sa voile, reste en admiration face aux éléments qui l’entourent. “Quand tu pars au large c’est une sensation de liberté, tu croises des exocets, les poissons volants, l’autre jour il y avait une baleine à bosse ! Et quand tu reviens, alors c’est l’extase… Le panorama est majestueux ! Cette vision avec la chaîne des Albères qui plonge dans la mer, la silhouette de Collioure et sa baie qui se profile, et ces nuances de couleurs de bleus et de verts qui s’unissent, c’est une vision majestueuse !” René Paraire, vigneron, surfer globetrotter, à Terrats, à l’autre bout du monde, sur les vagues de la côte catalane : ou comment réaliser ses rêves en gardant les pieds sur terre sans jamais quitter la mer…

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