Parce que rien n’est jamais simple – sem.40-2022 [par Yann Kerveno]

Un corridor pratique

Entre le 5 août dernier et le 26 septembre, 220 vraquiers ont quitté les ports ukrainiens, dont Odessa, à destination de l’Afrique, de l’Europe et de l’Asie. Ces bateaux, dont le chargement est rendu possible par l’accord signé fin juillet entre la Russie et l’Ukraine, ont ainsi convoyé 4,9 millions de tonnes de matières premières agricoles.
Du côté des moissons, elles étaient bien avancées le 22 septembre avec 6,8 millions d’hectares soit 61 % de la surface semée. Les récoltes de blé, d’orge, de colza étaient achevées, celles du maïs commençaient à peine, soja et tournesol étant ramassés respectivement à 6 et 14 %. À l’échelle du pays, le soja donne 23 quintaux à l’hectare, le tournesol 19 quintaux et les colzas 28 quintaux, les pois 22 quintaux…

Cachez ce cadmium

Un changement dans la réglementation européenne liée à la composition des engrais va venir compliquer la donne. En effet, en imposant une limite haute de 60 mg de cadmium, un métal présentant des risques pour les sols et la santé humaine, par kilo de phosphate, la nouvelle règle rend non-conforme les phosphates en provenance d’Afrique du Nord, Maroc et Algérie. Trop chargés en cadmium, ils étaient la principale alternative aux approvisionnements sourcés depuis la… Russie.

Tête de gondole

On nous dit d’un côté que les Français n’ont pas encore réduit leur consommation de produits alimentaires, en dépit des inquiétudes liées au pouvoir d’achat et à l’hiver qui s’annonce. Peut-être est-ce parce que les prix de nos aliments sont plus chers qu’ailleurs en moyenne, en Europe (indice 110 pour une base européenne à 100), seule l’Irlande nous devançant avec un indice 119. La France mène le classement pour la cherté de la viande (indice 129) et celle des fruits et légumes (indice 120, dont beaucoup sont importés d’Espagne ou du Maroc…). Ce sont peut-être ces prix élevés qui ont limité l’inflation (entre 7 et 12 % selon les panels envisagés sur l’année) et n’ont pas encore effrayé les consommateurs ?
En tout cas, au mois d’août dernier, les discounters, Aldi et Lidl, ont fait le plein de consommateurs avec de sensibles progressions de leurs parts de marché : 0,3 % en 30 jours. Lidl pointe ainsi à 7,8 % et Aldi, qui a gagné 440 000 consommateurs, à 2,7 % selon les chiffres de Kantar. Qu’en sera-t-il en septembre ?

C’est cher mais…

Puisqu’on parle d’inflation des produits alimentaires, il faudrait vraiment que nous nous intéressions de très près à nos poubelles. Un nouveau rapport réalisé par Feedback Global estime en effet le gaspillage alimentaire à 153 millions de tonnes par an. Vous avez bien lu, 153 millions de tonnes. Soit, c’est d’une ironie insoutenable, 15 millions de tonnes de plus que nos importations de… produits alimentaires… C’est au niveau de la production que les pertes sont les plus importantes, près de 90 millions de tonnes, en raison notamment de la puissance des acheteurs et des critères esthétiques (pour les fruits et les légumes). Plus bas dans la chaîne, la transformation gaspille 15 Mt, la distribution 5,3 Mt, la restauration 10,5 Mt et nos foyers 32,5 Mt.

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