Parce que rien n’est jamais simple sem. 02-2023 [par Yann Kerveno]
Vous avez dit pénurie de personnel ?
Et si les robots pouvaient remplacer les sommeliers dans les restaurants ? Rassurez-vous, il y a encore loin de la coupe aux lèvres, c’est le cas de le dire.
Physicien et sommelier, Fabrizio Bucella a testé un robot sommelier pour trouver quoi boire avec une côte à l’os, des frites et une sauce béarnaise. Il raconte cette aventure peu banale dans une chronique livrée à nos confrères du Point. Le moins que l’on puisse en juger par son récit, c’est que l’intelligence artificielle censée remplacer le conseil du sommelier a la comprenette difficile. Et ne sait pas choisir entre Bourgogne et Bordeaux. Forçant le destin, Fabrizio Bucella impose le choix du bordeaux à la bestiole qui finit par cracher une liste de cinq domaines pour accompagner la côte à l’os : Margaux, Latour, Mouton Rotshchild, Haut Brion et Lafite Rotschild. Soit tout simplement les cinq premiers crus classés du Médoc qui valent plusieurs centaines d’euros la bouteille. Ne dit-on pas que les conseilleurs ne sont jamais les payeurs ?
Hectar : vous avez dit qualifiés ?
Il n’est pas inintéressant de plonger dans les organigrammes. Ainsi celui d’Hectar, projet autoproclamé de “création de solutions pour la transition” est édifiant. Outre les deux médiatiques fondateurs, Xavier Niel (patron de Free qui amène les fonds) et Audrey Bourolleau (ex-conseillère agricole d’Emmanuel Macron), d’ou viennent les petites mains qui “font le job” ? Piochons au hasard, la responsable du projet maraîchage ? HEC. La cheffe de projet ferme pilote ? HEC. Seule la responsable de la ferme pilote (du troupeau de vaches laitières) semble venir du monde agricole, elle est vétérinaire et est aidée d’une apprentie. Pour le reste, à en croire le site du “campus” il n’y a donc personne, dans les permanents, qui soit originairement de la partie.
Aux champs, un peu légers !
Quant aux projets agricoles de ce campus qui propose des formations de cinq semaines à 2 500 euros, regardons de plus près. La propriété, achetée 18 M € en 2019, compte 600 hectares, dont plus de 200 de forêts, plus de 300 en céréales et grandes cultures et une soixantaine dévolue à la production laitière. C’est d’ailleurs sur cet atelier qu’on en sait le plus. Le troupeau est composé de 60 vaches, conduites en bio, nourries uniquement sur des prairies en pâturage tournant. La rentabilité est annoncée à 3 000 litres par an et par vache, tout le lait étant transformé sur place et l’élevage étant géré par trois salariés polyvalents, sans exploitant. Les premiers résultats sont attendus dans trois à cinq ans.
Il y a visiblement eu peu de communication pour la partie grande culture, sinon une interview du premier responsable, parti au bout de quatre mois, qui annonçait tenter de faire coïncider non-labour et bio (pour résumer lapidairement). Un peu léger pour révolutionner l’agriculture non ?