Parce que rien n’est jamais simple 2022 – #22 [par Yann Kerveno]

Une période de cochon

Les producteurs de porcs anglais ont des raisons d’avoir le blues. Au cours du premier trimestre de cette année, ils ont perdu la bagatelle de 58 £ (soit 68 euros) par animal envoyé à l’abattoir. En cause : un retard dans les abattages, il est monté jusqu’à 250 000 animaux au pic de l’année dernière pour atteindre en ce printemps 70 000. La situation pourrait revenir à la normale d’ici la fin de l’été ou le début de l’automne. À la mi-mai, les abattages s’effectuaient à un rythme de 230 000 à 240 000 porcs par semaine, 15 000 à 20 000 de plus que la demande effective du marché…
La filière réclame aujourd’hui une réforme du marché du porc dans le pays alors que la politique agricole anglaise, qui remplace peu à peu la PAC européenne, va prendre une couleur verte très prononcée.

Les taxes, les taxes !

Après une légère pause pour cause de Covid, les vendeurs de vins anglais ont de nouveau le tastevin amer. Dans le prochain budget préparé par le gouvernement de Boris Johnson, figure en effet une refonte totale du système de taxes sur les boissons alcoolisées. Réforme prévue pour faire plus simple (cela reste à prouver) et plus direct. Mais aussi, pour l’État, la clé est là, plus rémunératrice pour le Trésor. Et pas qu’un peu, puisque ce sont 300 M £ supplémentaires qui pourraient rejoindre les caisses de l’État avec ce nouveau système. Porte-parole du commerce des boissons alcoolisés, Miles Beales n’a pas eu de mots assez durs pour regretter cette évolution. S’il se félicite de l’abandon de la super taxe imposée jusqu’ici aux pétillants (qui va largement profiter aux producteurs de Prosecco), il conteste l’intérêt du nouveau système qui taxe les boissons en fonction de leur taux d’alcool. De quoi rendre encore plus cher le vin outre-manche alors que tout le monde se demande, notamment dans la région du côté des producteurs, comment faire passer les augmentations nécessaires à la rentabilité des entreprises.

L’inflation, l’inflation !

Si la guerre en Ukraine fait toujours rage, elle masque d’autres conflits dont on parlait déjà peu. La guerre du Yemen est de ceux-là qui menace de basculer, en plus des combats, dans une catastrophe humanitaire. C’est ce qui a motivé la lettre expédiée à l’ONU par le principal importateur du blé du pays. Au Yemen, 17 millions de personnes sont sujettes à l’insécurité alimentaire et 1,6 million aujourd’hui directement menacées par la famine à courte échéance, quelques mois. Et la tension s’accroît avec la décision, récente, de l’Inde de fermer le robinet des exportations à cause de la chaleur qui a obéré une partie du rendement obtenu cette année avec le blé. Le Yemen achetait jusqu’ici un tiers de son blé en Ukraine et en Russie.

Plus près de nous

Plus près de nous, en Europe, c’est l’Albanie, qui est aussi le pays le plus pauvre du continent (un tiers de la population sous le seuil de pauvreté), qui se trouve le plus en difficulté ces dernières semaines. L’inflation frappe partout : 6,2 % en avril après 5,7 % en mars… L’alimentation a progressé de 3,56 %… Poussant les entreprises dans l’expectative face à une question : faut-il faire passer les augmentations aux clients finaux sous peine de les plonger plus encore dans les difficultés (et les perdre) ? En Égypte, l’inflation a atteint 13,1 % en avril (pour les douze derniers mois glissants). On va finir par attendre avec impatience les bonnes nouvelles.

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