Parce que rien n’est jamais simple 2022 – #20 [par Yann Kerveno]

“Don Quichottes” en carton

La sagesse populaire dit qu’il vaut mieux être sourd que d’entendre cela, mais quand même, ça défrise. Lors de la cérémonie de remise des diplômes d’AgroParisTech, à Paris, un groupe d’étudiants fraîchement diplômés s’est exprimé pour rejeter, en somme, tout ce qu’ils avaient appris. “Trafiquer des plantes en laboratoire pour plus d’asservissement des agricultrices et des agriculteurs, fabriquer des plats préparés et les chimiothérapies pour soigner les cancers provoqués” ont déclaré à la tribune ces jeunes ingénieurs agronomes avant d’être repris par tout ce que les réseaux sociaux comptent de décroissants au ventre plein. C’est à se demander s’ils ont un jour étudié l’histoire de l’agriculture d’une part et, d’autre part, s’ils n’auraient pas mieux fait de ne pas perdre leur temps à étudier et rejoindre une ZAD quelconque où ils auraient pu donner libre cours à leur complotisme rampant. Il est clair que notre système agricole et son aval, la distribution, sont à bout de souffle, mais ce n’est pas avec ces “Don Quichottes” en carton anti-technologie que nous allons trouver des solutions pour réduire l’impact de l’agriculture sur l’environnement et nourrir le monde en même temps. Et pour pinailler, on fera remarquer que cette séquence est intitulée “appel à déserter” et que sauf erreur, déserter n’a rien à voir avec combattre. Les mots ont un sens.

Abandonner la bio ?

Autre bazar de la semaine, l’interview du patron de Syngenta, Erik Fyrwald, par un journal suisse germanophone. On ne niera pas qu’il n’a pas fait dans la dentelle en arguant que le monde occidental avait pour responsabilité “d’abandonner l’agriculture bio dont les rendements moindres mettent la sécurité alimentaire mondiale en péril et consomment plus d’espace que l’agriculture conventionnelle” (en substance). Outre la polémique qu’il a déclenchée avec cette provocation, ses propos ont le mérite de mettre sur la table un sujet majeur peu abordé aujourd’hui, celui du land sparing et du land sharing.

Choix cornélien

C’est-à-dire, que vaut-il mieux faire pour répondre aux problèmes qui sont les nôtres aujourd’hui ? Concentrer une agriculture très intensive et technologique sur des surfaces moindres pour rendre les espaces épargnés à la nature ? Ou au contraire, développer l’agriculture biologique et partager l’espace agricole avec la nature en restreignant la surface dévolue aux espaces naturels ? L’Agri ramasse les copies la semaine prochaine.

La peste !

Sinon, nos voisins italiens ont des raisons de se faire du souci. La peste porcine africaine a été découverte, en janvier dernier, dans le Nord du pays sur des carcasses de sangliers. 113 sangliers contaminés ont été recensés entre janvier et début mai, mais le plus inquiétant c’est que le dernier cas en date a été découvert au Nord de Rome, à 400 kilomètres au Sud du cluster connu
Enfin, pour l’interdiction à venir du glyphosate, l’agence de sécurité sanitaire européenne laisse du temps au temps et a décidé de reporter à juillet 2023 (au lieu de l’automne 2022) la publication de l’étude qui doit servir de base à la nouvelle homologation de la molécule sur le continent européen, le temps de faire le tour de la question…

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