Parce que rien n’est jamais simple 2022 – #01 [par Yann Kerveno]

Nez

Quand on vous parle de nez, vous pouvez penser à Nicolas Gogol ou encore à Cyrano, mais si l’on ajoute que ce nez a à voir avec la mangeaille, vous allez plutôt penser à un œnologue. C’est oublier que les nez sont partout dans l’agroalimentaire, ils sont goûteurs professionnels, spécialistes des arômes… Nos confrères du prestigieux Wall Street Journal ont consacré un long papier aux nez de Cinco Jotas, emblématique marque de jambon sec de Jabugo qui emploie six nez avant les fêtes de fin d’année pour vérifier que les jambons sont aptes à être mis en marché…
Parmi ces six nez, seul un occupe le poste à plein temps et c’est cette histoire que le quotidien New-Yorkais raconte parce que c’est presque un conte de Noël. En effet, Manuel Vega Dominguez, 53 ans, le nez de l’entreprise, y a été embauché en tant qu’homme d’entretien en 1989 avant de gravir tous les échelons jusqu’à la direction qualité. Et vous savez quoi ? Chaque jour, il met 200 jambons sous son pif et jusqu’à 800 pendant le rush de décembre ! Vegan passe ton chemin !

Horizon culinaire

On sait aujourd’hui que le défi de la durabilité de nos systèmes alimentaires et de l’agriculture en général, passe par plus de biodiversité, dans les systèmes écologiques et dans nos assiettes. Parce que c’était efficace en termes de production et de rentabilité ou coût de production, l’humanité a concentré son “bol alimentaire” dans 12 espèces végétales et 5 espèces animales qui représentent aujourd’hui 75 % de notre alimentation… La chaîne américaine CNN est allée à la rencontre de ceux qui travaillent à élargir cet horizon culinaire et nutritionnel au long d’un reportage de 15 minutes qui passe du “riz de la mer” aux anciennes pommes de terre du Pérou en passant par le Fonio africain, qui pourraient faire partie de notre régime de demain. Ou pas.

Vent de fronde

Sinon, parlons du colonialisme, histoire de mettre un peu d’ambiance post-agapes. Un vent de fronde s’élève, en Afrique notamment, où l’on reproche aux ONG occidentales leur prosélytisme agroécologique. Bref, de calquer sur le vaste continent des préoccupations qui ne sont, au final, que celles d’estomacs repus pour reprendre une image souvent évoquée. Ainsi, dans un point de vue publié le 30 septembre, Patricia Nanteza, dirigeante de Alliance for Science réclame le droit, pour les paysans africains de décider de ce qui est bon pour eux et leurs cultures et pour les pays à décider de leurs politiques agricoles… “Nous ne crions pas que les OGM sont la solution miracle à nos problèmes, mais ils sont un outil de plus dans la boîte à outils des agriculteurs et des scientifiques africains” écrit-elle. À la mi-décembre, un article publié au Ghana tend à prouver que qu’elle a raison puisque les producteurs de Niébé annoncent, avec une variété modifiée génétiquement, des frais de pesticides en net recul et une productivité en hausse.
D’un autre côté, aux Philippines, les “faucheurs volontaires” locaux ont détruit un essai scientifique de riz OGM doré enrichi en bêtacarotène. La parcelle était à quelques semaines de la récolte, ses grains étaient destinés à servir de support à l’évaluation par les autorités sanitaires du pays. Rien n’est jamais simple, mais vous conviendrez que l’idéologie vient parfois compliquer nos affaires. Non ?

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