Pacte vert européen : dépendance alimentaire en vue ! [par Jean-Paul Pelras]
Commençons par deux chiffres : 67,89 milliards d’euros, c’est le déficit commercial de la France enregistré sur les 12 derniers mois. 215,6 milliards, c’est l’excédent commercial de l’Allemagne, toujours pour les 12 derniers mois. Une amplitude à 283,49 milliards que l’ancien banquier de chez Rothschild pourrait peut-être soumettre à ses copains Mac Fly et Carlito, youtubeurs mondialement connus depuis qu’ils échangent des gages et se prêtent à des concours d’anecdotes avec le premier d’entre nous.
Poursuivons notre petite analyse au pays des aberrations avec le “Green deal européen” et sa déclinaison agricole joliment baptisée Farm to Fork. Le paquet écologique voulu par la Commission repose principalement sur un axe subventions/taxations qui va, inévitablement, susciter inflation et perte de compétitivité.
Le Wokisme, courant idéologique vertueux qui fait feu de tout bois pour imposer l’éveil progressiste en prônant une forme de déconstruction quasi systématique, aurait-il migré jusque dans les rangs des technocrates bruxellois ? Possible si l’on considère les scénarios évoqués par la Commission européenne : 25 % des surfaces agricoles européennes en bio, diminution de 50 % des pesticides de synthèse, réduction de 20 % des engrais, 10 % de la SAU consacrée à des “surfaces d’intérêt environnemental”… Des orientations jugées risquées selon une étude de l’USDA, département d’agriculture américain, qui prévoit une baisse de la production européenne de 12 % et une baisse de 11 % de la production agricole de la planète en cas d’application à l’échelle mondiale. Ce qui entrainerait une hausse des prix mondiaux de 89 %. Avec des conséquences sur la sécurité alimentaire car 185 millions de personnes n’auraient plus accès à une alimentation suffisante. Une analyse corroborée par le Coceral (Comité du commerce des céréales, aliments du bétail, oléagineux, huile d’olive, huiles, graisses et agrofournitures). En effet, selon l’économiste Oliver Balkhausen, responsable de la recherche chez ADM Europe, il faut s’attendre à une baisse de production à l’horizon 2030 avoisinant 109 millions de tonnes de blé, soit 15 % de moins qu’actuellement, 59 millions de tonnes de maïs, soit 19 % de moins, 43 millions de tonnes d’orge, soit 16 % de moins et 24 millions pour les oléagineux, soit 17 % de moins. Une dépendance aux importations de matières premières protéiques est donc à redouter, alors que la crise sanitaire a démontré l’enjeu d’une relocalisation des productions.
Cerise sur le gâteau : le coup de la TVA !
C’est à se demander si les “penseurs” européens, dans leur volonté de verdissement jusqu’au-boutiste, ont pris la mesure des risques encourus sur le plan agroalimentaire par une sujétion à des pays qui ne seront ni contrôlables, ni contrôlés. Cerise sur le gâteau : le coup de la TVA ! Les députés européens réfléchissent à l’ajustement d’une taxation sur les aliments en fonction de leur impact environnemental. La TVA sur les fruits et légumes pourrait ainsi être supprimée. Elle serait, en revanche, majorée sur la viande et le lait à cause de leur impact sur la santé et l’environnement. Un coup dur pour les éleveurs, mais également pour le consommateur qui n’a pas les moyens de supporter une énième inflation sur les produits alimentaires.
Une redistribution des cartes au sein de la galaxie agricole qui va se traduire, encore une fois, par des tensions entre filières et l’accumulation de bénéfices commerciaux non répercutés à la production mais prélevés à la consommation.
Résultat des courses, alors que les écologistes, totalement irresponsables, sont en train de savonner la planche de l’agriculture européenne, les promoteurs de steaks végétaux et autres fabricants de “caprices tendance” aiguisent leur appétit de l’autre côté de l’Atlantique (ou dans les laboratoires de Xavier Niel) pour rafler la mise sur le marché des nouvelles idéologies. Celles qui, bien évidemment, empruntent moins à la vertu qu’aux profits.