Oasis
On était en septembre 2023, c’était la tournée des vendanges, du côté de Terrats. Le département était en plein maelström sécheresse, les ministres se succédaient au chevet « de ce département en première ligne face au changement climatique ». Tout le monde, sauf les sceptiques endurcis, se plaisait à croire qu’il allait enfin se passer quelque chose, en particulier du côté des Aspres où une fameuse retenue collinaire est attendue depuis 13 ou 14 ans. « On va tout simplifier » avaient claironné les ministres, permettant au préfet Bonnier d’annoncer qu’il pourrait accorder les autorisations de travaux « avant la fin 2024 ». Las, nos confrères de France Bleu Roussillon annonçaient ce matin 24 septembre qu’il n’en serait rien. « Parce que le dossier n’est pas complet » se défendait Thierry Bonnier, « parce que l’État a demandé de nouvelles études d’impact sur la biodiversité qui ont déjà été menées dans le cadre du plan d’occupation des sols de la commune » lui répondait Jérôme de Maury, maire de Saint-Colombe-de-la-Commanderie.
Sans avoir le temps de mettre le nez dans le dossier à l’heure du bouclage de l’Agri, sans donc en connaître les tenants et les aboutissants, on ne peut toutefois s’empêcher de penser, une fois de plus, que la simplification promise, attendue, devait être un mirage, que les ministres ont abusé de notre crédulité de façade. Mais, surtout, qu’à force de vouloir protéger la biodiversité on va bien finir par la tuer. Si l’on ne tente pas de conserver un peu du peu d’eau qui tombe, la vie deviendra vite difficile pour toutes les espèces, alors que ces réserves pourraient faire office d’oasis dans le désert auquel on semble vouloir nous condamner.
Yann Kerveno