Ne pas hésiter à se faire remplacer ! [par Yann Kerveno]
Maladie, accident, congé paternité, le service de remplacement des Pyrénées-Orientales veut mieux faire connaître l’étendue de ses services.
Quand il a su qu’il serait de nouveau papa, Benoît Vincent n’a pas hésité une seconde à se faire remplacer pour profiter de son congé paternité de 25 jours entre le 16 janvier dernier et la mi-février. Ce n’était d’ailleurs pas une première, il avait déjà eu recours au service de remplacement à la naissance de ses précédents enfants. Pour l’éleveur d’Evol, le gain est patent. “Ça m’a vraiment bien libéré et cela se passe très bien si l’on s’organise pour former son remplaçant avant de partir. Pour qu’il connaisse tous les rouages de l’élevage.” Son troupeau compte 200 brebis. “Je ne peux qu’être très content du système” ajoute-t-il. Pour autant, si Benoît Vincent a fait appel au service de remplacement pour son congé paternité, il avoue que l’idée ne lui vient pas pour d’autres empêchements, comme un arrêt maladie par exemple. “C’est vrai, dans ces cas-là je vais plutôt me tourner vers mes voisins, en particulier la personne à qui j’ai acheté le troupeau.” Pour Aurélie Conill, présidente de l’association qui gère le service de remplacement, c’est assez typique dans le département des Pyrénées-Orientales.
Maladie, mandat syndical, formation…
“Les agriculteurs ont oublié que le service existe, mais quant à savoir pourquoi, je suis bien en peine de l’analyser” explique-t-elle. Elle regarde toutefois avec envie dans les autres départements de la région où le service est bien plus développé, ancré dans le paysage. “Ce sont surtout dans les départements d’élevage que les agriculteurs ont recours le plus fréquemment au service de remplacement.” Pour une bonne raison, les animaux ne peuvent se débrouiller tout seuls. Aujourd’hui, Aurélie Connil souhaite développer de nouveau l’accès au service de remplacement. Elle précise les cas qui ouvrent à prise en charge. “Il y a bien sûr l’arrêt pour accident ou maladie, mais aussi tout ce qui touche au développement agricole, la formation par exemple pour laquelle on peut obtenir des financements en fonction de l’âge. Il y a également les congés, à raison de 14 jours par an avec en plus un crédit d’impôts de 50 %, les absences pour mandat syndical et bien entendu les congés maternité et paternité…” Pour ce dernier pourtant, elle regrette que le dossier d’accès ait été alourdi. “Quand on est passé de 12 à 25 jours de congé paternité, les conditions ont changé. Maintenant les agriculteurs doivent poser le congé pour des dates de remplacement fixes un mois avant la naissance de l’enfant, 30 jours…”
Un travail colossal
Malgré ces difficultés, Benoît Vincent a donc pu profiter de son congé, mais Aurélie Conill aimerait que les agriculteurs aient le réflexe d’adhérer au service de remplacement. “L’an dernier, nous avions une centaine d’adhérents, sur 2 500 agriculteurs dans le département. C’est le problème, ils n’ont pas le réflexe du service de remplacement et quand ils en ont besoin, on n’a pas de données sur eux, il faut constituer l’ensemble du dossier et non seulement instruire la demande qu’ils font. C’est un travail colossal, qui prend du temps. Alors que, s’ils sont adhérents, nous sommes déjà en possession de toutes les informations, ou presque, dont nous pouvons avoir besoin. Et cela nous permet d’être plus réactifs.”
Seul regret de l’éleveur d’Evol, mais il n’en tient pas rigueur au service, c’est lui qui a déniché le salarié qui l’a remplacé, presque dans le village d’à côté. Alors que la dite personne avait déjà travaillé pour le service de remplacement. “C’est dommage qu’il n’ait pas pu faire le rapprochement !” L’an dernier, ce sont 2 000 journées de remplacement qui ont été assurées sur les Pyrénées-Orientales.