Medfel : trop chers les fruits et légumes ?

C’est une réflexion souvent entendue, les fruits et légumes seraient trop chers. Mais qu’en est-il vraiment ? C’était l’objet d’une discussion organisée au Medfel entre Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’UFC Que Choisir et Christel Teyssedre, présidente de Saveurs Commerce, l’association nationale des primeurs.

Et si la question est simple, y répondre est une autre paire de manches. Parce qu’il faut d’abord définir ce qu’est le « bon » prix. « Nous ne nous sommes jamais battus pour le prix le plus bas » rappelait la présidente de l’association de consommateurs, « mais pour comprendre le débat, il faut se rappeler que 72 % des consommateurs achètent leurs fruits et légumes dans un super ou un hypermarché. Un lieu clos, fermé, qui ne permet pas de voir d’où viennent les produits et où la vente n’est pas assistée » résumait-elle. Cette absence de « contact » avec la réalité provoquant, selon elle, une moindre perception de ce qui peut influer sur les prix, comme les aléas climatiques par exemple. Elle regrettait ensuite le manque de visibilité. « C’est une expérience récente que j’ai vécue dans une grande surface, on a, côte à côte, des tomates cerises en grappes françaises vendues à 17,80 euros le kilo, des tomates cerises espagnoles en barquette vendues 2,99 € l’unité et d’autres encore venues du Maroc à 4,99 € le kilo. Comment voulez-vous que le consommateur s’y retrouve ? Comment voulez-vous qu’il comprenne ce qui justifie un tel écart de prix ? »

4,50 euros par famille et par jour

Christel Teyssedre rappelait que cinq fruits et légumes par jour coûtent 1,13 euro. (Photo Yann Kerveno)

Christel Teyssedre rappelait ensuite quelques chiffres. « Quand on consomme des fruits et légumes frais de saison, les 5 portions de 80 grammes quotidiennes recommandées par le plan national nutrition santé, cela coûte 1,13 euro par personne. Soit pour une famille de quatre personnes, 4,50 euros. » Il fallait forcément en passer par l’inflation qui a fait fortement progresser les prix ces dernières années. « C’est effectivement 1,13 euros en ce moment, mais en 2020 c’était 91 centimes » précisait la présidente de l’UFC Que Choisir. « En 2023, les prix des fruits et légumes ont pris 16 %, c’est 3,5 points de plus que les autres rayons alimentaires. Les consommateurs se rendent compte que c’est plus cher qu’avant, mais ils n’ont pas les clés pour comprendre ce qui se passe. »

Il fut aussi question du marketing de l’industrie agroalimentaire qui « a bourré le crâne des enfants » et leur fait aujourd’hui préférer les barres chocolatées aux fruits. « Ce qui est cher, ce ne sont pas les fruits et légumes mais bien tout ce qui est autour » ajoutait Marie-Amandine Stevenin « et la question qu’il faut se poser aujourd’hui c’est de savoir pourquoi c’est plus facile de vendre un pot de pâte à tartiner vendu plus cher qu’un kilo de pommes. » Et pourquoi aussi peut-être existe cette fixation sur le prix alors qu’il n’arrive qu’en troisième position des critères d’achat chez les consommateurs.

Yann Kerveno

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *