L’indépendance énergétique au cœur du discours sur l’état de l’Union

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a prononcé devant le Parlement européen son 3e discours sur l’état de l’Union le 14 septembre 2022. Face à la crise ukrainienne et à ses nombreuses répercussions, elle a loué l’unité de l’Europe et souligné le besoin d’une Europe plus indépendante, notamment sur le plan énergétique (la souveraineté alimentaire, hélas, n’a pas été évoquée).
“Pour la première fois de son histoire, ce Parlement débat de l’état de notre Union alors que la guerre fait rage sur le sol européen”. Dès le début de son allocution, le ton utilisé par Ursula von der Leyen était très différent de celui de l’année passée. La présidente de la Commission est revenue sur les conséquences de l’invasion russe débutée le 24 février dernier en détaillant les réponses de l’exécutif européen en soutien à l’Ukraine (sanctions à l’encontre de la Russie, envoi d’armes, soutien financier à l’Ukraine, accueil des réfugiés…) et a annoncé la poursuite du soutien avec une aide de 100 millions d’euros dédiés à la reconstruction des écoles ukrainiennes.

Tendre vers l’indépendance énergétique

La présidente de la Commission européenne a rappelé l’impact pour l’Union européenne de la guerre menée par la Russie. “Il s’agit d’une guerre contre notre sécurité énergétique, contre notre économie, contre nos valeurs et contre notre avenir” a-t-elle proclamé. Prenant l’exemple des pays Baltes, qui ont investi massivement dans les énergies renouvelables pour se défaire de leur dépendance vis-à-vis de la Russie, la Commission européenne souhaite mener une stratégie similaire et entend également diversifier ses fournisseurs. La présidente a rappelé que le gaz russe, qui représentait 40 % des importations au début de la guerre, ne compte plus que pour 9 % de l’approvisionnement de l’Europe en gaz, dont la Norvège est désormais le premier fournisseur.

Mais c’est sur les annonces pour alléger les factures d’électricité qu’Ursula von der Leyen était particulièrement attendue alors que le continent fait face à “un décuplement des prix du gaz par rapport aux prix enregistrés avant la pandémie. Joindre les deux bouts devient une source d’inquiétude pour des millions d’entreprises et de ménages”. Une contribution sur les recettes des entreprises productrices d’électricité à faible coût sera ainsi mise en place. “Il n’est pas juste de réaliser des bénéfices extraordinaires grâce à la guerre et sur le dos des consommateurs” a déclaré Ursula von der Leyen. Cette “taxe” temporaire sur les “super profits” pourrait rapporter 140 milliards d’euros et permettrait notamment des programmes d’aides aux foyers en situation de précarité énergétique.

À moyen terme, la Commission prépare des mesures pour réformer le marché européen de l’électricité en profondeur et souhaite notamment découpler les prix de l’électricité de ceux du gaz mais aussi réduire le coût d’achat du gaz importé. Ces projets devraient être discutés lors d’un prochain Conseil des ministres européens de l’énergie ce 30 septembre. L’Europe n’a pas, selon la présidente, été capable de tirer les bonnes conclusions de la crise des énergies fossiles dans les années 1970. “Nous en faisons encore les frais aujourd’hui” a-t-elle déploré en insistant sur l’importance du développement des énergies renouvelables, citant l’éolien marin, mais surtout l’hydrogène vert. Ainsi, une banque européenne de l’hydrogène, capable d’”investir 3 milliards d’euros pour aider à construire le futur marché” sera créée.


Claire Sarda-Vergès
ADRET – Europe Direct Pyrénées
www.europedirectpyrenees.eu

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