Lettre à celui qui va encaisser 100 euros [par Jean-Paul Pelras]

Cher ami,
permettez cette familiarité dans la mesure où, par l’intermédiaire du Gouvernement français, je vais contribuer à améliorer votre quotidien, à atténuer vos difficultés. Vous voici donc bénéficiaire, comme 38 millions de nos concitoyens, d’une aide de 100 euros. J’ignore ce que vous allez en faire sachant que, si vous comptez l’utiliser pour acquitter votre carburant, 58 euros retourneront d’emblée dans les caisses de l’État sous forme de taxes diverses et autre TVA. Il vous restera donc 42 euros que vous pourrez dépenser au restaurant, au bistrot, au cinéma, si vous êtes, bien sûr, détenteur d’un laisser-passer. Ou en alimentation, vêtements, gaz et électricité, produits essentiels également fiscalisés.
100 euros généreusement distribués par notre suzerain et ses affidés, comme nous l’ont rabâché en boucle les médias subventionnés. Pour mémoire, 2,5 milliards sont attribués chaque année à France Télévision, 600 millions à Radio France, 118 à la presse papier auxquels il faut rajouter, consécutivement à la crise sanitaire du moment, 480 millions de soutiens exceptionnels ventilés sur deux ans. Le montant alloué étant, à quelques briques prés, proportionnel à celui qui l’est à la propagande, que dis-je à la “publicité”.

Nonobstant cette comparaison non essentielle et peu ou pas médiatisée, sachez, cher ami, que vous ne devez surtout pas établir une quelconque relation entre cette généreuse offrande et le temps venu des élections. Amelie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a déclaré sur France Inter concernant cette “Indemnité inflation” : “Tous ceux qui nous expliquent que c’est électoraliste sont ridicules. Je leur propose d’aller voir ces 38 millions de Français et de leur dire que ça ne va pas les aider dans leurs vies, qu’il ne faudrait pas le faire pour des raisons politiciennes…”.

Me voilà donc, de facto, “ridiculisé” par Amelie de Montchalin qui, après avoir perçu 150 000 euros net en 2017 en tant que directrice de la prospective chez Axa, a encaissé 71 611 euros en 2018 en tant que députée, puis, toujours en tant que parlementaire 17 903 euros en 2019, auxquels il faut rajouter 75 488 euros pour son secrétariat d’État chargé des affaires européennes. Et désormais 53 743 euros net pour le poste qu’elle occupe au sein du gouvernement. Laissons de côté le patrimoine de cette dame, également consultable sur le site de la Haute transparence à la vie publique, pour se dire que, finalement, qui mieux qu’Amelie de Montchalin pouvait, cher ami, compatir, avec les membres de son gouvernement et toute la hiérarchie politicienne, aux aléas de votre vie quotidienne. Vous voilà prévenu, pour solde de tout compte, car ladite obole ne viendra en rien juguler l’inflation et encore moins empêcher les prix de flamber, vous êtes prié de savoir gré sans jamais oser douter.

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