Les brèves de l’agriculture des P.-O. – juillet 2022 [par Yann Kerveno]
Baixas : 180 ha irrigués en plus
Les vignes situées entre Baixas, Espira de l’Agly et Peyrestortes vont pouvoir respirer un peu mieux. Depuis le début de l’été elles sont en effet couvertes par le nouveau réseau d’irrigation inauguré vendredi à Baixas. Couvrant 180 hectares, ce nouveau réseau sous-pression permet de déployer du goutte à goutte dans le rang. “Ce qui est original avec ce projet, c’est que nous avons tenu à ce que ce soit le moins onéreux possible pour les vignerons, qu’ils soient coopérateurs ou en caves particulières d’ailleurs” explique François Capdellayre, président de la cave de Baixas. “Le réseau a donc été déployé jusqu’au bord de chaque parcelle et non limité aux bornes, une vingtaine a été installée sur toute la surface et les vignerons n’ont plus que le peigne à déployer directement dans les vignes.”
Le chantier aura duré une année. Au total, ce sont onze kilomètres de canalisation qui ont été mis en œuvre avec des diamètres allant de 250 à 110 mm. Le canal a lui aussi fait l’objet d’une mise à niveau avec un cuvelage béton sur 500 mètres et un curage – recalibrage sur 900 mètres linéaires. La gestion des pompes a été automatisée pour permettre l’arrosage de nuit et les bornes se gèrent depuis un téléphone portable. La pression dans le réseau a été portée à 8,5 ou 9 bars contre 4,5 dans le réseau originel et chaque secteur de 60 ha reçoit quatre tours d’eau par semaine pour, à raison de 3 m3/hectare par tour.
Une nouvelle fédération d’ASA en Conflent
Le Conflent aura été durablement marqué par Gloria comme le prouve, la semaine passée, la mise en place de la nouvelle fédération des ASA du secteur. “Les dégâts de Gloria et les travaux qu’ils ont nécessités, il y en a eu pour 4,5 M €, ont fait prendre la mesure de l’enjeu aux élus locaux en particulier” explique Jean Bertrand de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. “Et de l’utilité de constituer une fédération pour rassembler les ASA, le Conflent n’en compte pas moins de soixante… Cela concerne un potentiel irrigable, ce n’est pas anodin.” L’assemblée générale constitutive tenue la semaine passée a rassemblé 55 personnes et 40 ASA ont adhéré à la nouvelle fédération des Canaux du Conflent. Bernard Lambert (élu de Prades au syndicat intercommunal de Bohère) a été élu président, Valérie Pauco, agricultrice et présidente de l’ASA du canal de branche-ancienne de Marquixanes, vice-présidente. L’animation de la fédération a été confiée à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales et la fédération pourra prendre part aux comités sécheresses.
Vous avez dit sec ?
Le nouveau coup de chaleur de la semaine ne va pas arranger la situation des végétaux. Pour autant, il n’y a pour l’instant pas de crainte à avoir pour les cultures dans les vallées de l’Agly et de la Têt, où les réserves sont conséquentes des Bouillouses à Caramany. Et les ASA ont mis en œuvre des mesures d’économies importantes pour anticiper et préserver la ressource. La situation est par contre déjà très problématique sur le bassin du Tech. À tel point qu’un comité sécheresse spécial vallée du Tech doit être organisé ces jours prochains pour se pencher sur la situation.
Muscats : 15 litres de vins faits à l’hectare pour 2022
La décision a été prise vendredi au cours du dernier conseil d’administration de l’appellation. Après deux années de vaches très maigres à 13 hectolitres/ hectare, l’étau se relâche un peu pour la vendange 2022 avec 15 hectos autorisés. “Nous avons fait de gros efforts en limitant la production ces deux dernières années” explique le président de l’ODG muscat. “Cela nous a permis d’apurer un peu les stocks pour tomber à un taux de roulement de 1,5, conforme à notre type d’appellation.” En 2020, la production s’est élevée à 46 000 hectolitres et à 53 000 hectolitres en 2021 pour des sorties de chais stables à 63 000 hl. Ce sont donc 32 000 hl qui ont été sortis en deux ans. “En plus, nous avons pu sortir les vins les plus anciens, les stocks qui subsistent sont plus jeunes, plus fruités donc plus à même de plaire aux consommateurs d’aujourd’hui” ajoute Denis Surjus. “Cette année, à 15 hectolitres/hectare nous espérons pouvoir produire 60 000 hl, ce qui équilibrerait notre marché.”
Pour autant, le contexte est instable entre l’inflation, la baisse de la consommation de vins, la guerre en Ukraine, la disponibilité du verre, la hausse des prix des matières premières… “Mais nous pourrons peut-être tirer parti de la hausse des prix, les muscats de Rivesaltes sont vendus pour 80 % en grande distribution et en hard discount et dans le rayon apéritif où nous sommes parmi les produits les moins chers.” Pour les Rivesaltes, l’ODG a demandé 35 hl/ha à l’INAO pour permettre à certaines petites caves d’en faire plus si besoin, contre 30 hl ces dernières années. À condition que la météo le permette.