Le Maroc invité d’honneur du SIA : protocole et provocation ! [par Jean-Paul Pelras]
Bien sûr, il y a la géopolitique et ses relations (désormais) privilégiées qu’entretiennent la France et le Maroc. Emmanuel Macron ayant, le 29 octobre dernier, confirmé, au grand dam de l’Algérie, son soutien à la « souveraineté marocaine au Sahara occidental ». Mais il y a surtout ces accords de libres échanges, dont celui de 2012 où le Maroc s’engageait à ouvrir, avec une levée à hauteur de 70 % des droits de douane, les lignes de produits importés en provenance de l’UE. Notons également que, parmi les principaux pays vers lesquels étaient exportées les céréales européennes (47,8 millions de tonnes) en 2022-2023, figurait le Maroc pour 5,2 millions de tonnes. Transhumance inverse pour la tomate marocaine, dont le contingent d’exportation vers l’Europe, toujours en 2012, fut fixé à 240 000 tonnes.
Dans le cadre de cet accord, le Maroc bénéficiait d’une réduction des droits de douane ad valorem (en pourcentage de la valeur du produit) de 60 % entre juin et septembre sans limitation. En 2022, les importations françaises en provenance du Maroc atteignaient pourtant 425 552 tonnes, soit 63 % des tomates fraîches (72 % en 2024…) importées par la France et une hausse de plus de 19 % sur un an ! La France étant le principal fournisseur de blé au Maroc, avec une part de marché de 35,8%… Mais le monde agricole doit désormais composer avec « le protocole ». Le Maroc était l’invité d’honneur du SIA sur un grand stand de 472 m². Pour le match retour, la France sera invitée d’honneur du SIAM, à Meknès, en avril prochain. Rappelons que le coût de la main d’œuvre au Maroc est de 0,74 € de l’heure contre 13,64 € en France. Un détail !
Jean-Paul Pelras