La grande aventure des Clos Mauléon

Les vignerons de Caramany ont conçu une cuvée exceptionnelle qu’ils commencent à commercialiser. Pour prouver que leur terroir est capable de porter de grands vins de garde.

L’affaire a mûri dans le secret de la cave et arrive discrètement sur le marché depuis la fin de l’année dernière. L’affaire ? C’est un coffret en bois scellé à la cire contenant une bouteille exceptionnelle délicatement glissée dans un sachet de tissu. Cette cuvée Clos Mauléon, c’est son nom, est mise en vente à 145 euros, prix public. Mais d’où vient cette idée ? Elle est portée depuis longtemps par le directeur commercial de la cave, Yannick Clavier, passé par Bordeaux et qui imagine qu’on achètera, un jour, cette cuvée en primeur, comme dans les grands châteaux du Médoc, de Saint-Émilion ou des Graves. « Nous voulions aussi prouver avec cette cuvée d’exception que nous n’avions rien à envier aux grands vins, que nous pouvons aussi produire des vins de grande garde, celui-ci peut se conserver sans peine une quinzaine d’années » explique Arnaud Delonca, président de la cave coopérative.

1 200 cols

1 200 coffrets ont été produits. (Photo Yann Kerveno)

Mais qu’est ce qui peut justifier un tel prix ? Rares sont les vins secs, comme celui-ci, qui atteignent les 100 euros dans les Pyrénées-Orientales ! « C’est une toute petite série, nous avons fait 1 200 bouteilles. Les raisins sont issus de nos plus belles syrah et de nos vieux carignan, le plus souvent centenaires. » Maud Bonnin, l’œnologue de la cave précise la méthode : « Nous allons chercher la maturité extrême des raisins, c’est vendangé très tard, au mois d’octobre, quand les baies sont flétries, quand la peau commence à se détacher de la pulpe et que la rafle commence tout juste à se transformer en bois. Les baies ont la taille d’un ongle et les rendements sont donc faibles, autour de 12 hectolitres hectares. Ça fait quatre barriques. » La vendange n’est pas simple non plus. « C’est une sélection parcellaire à l’intérieur de notre sélection parcellaire » sourit encore Arnaud Delonca.

2022

Les ceps retenus sont disséminés à travers les vignes de trois secteurs différents et vendangés à la main, tôt le matin. Une fois égrappés, les raisins sont glissés dans des tonneaux pour cinq semaines, en vinification intégrale dans des fûts ouverts. « Nous ensemençons avec des levures résistantes au froid et nous pigeons, nous remuons les jus tous les jours le temps de la fermentation pour extraire tous les sucres » ajoute l’œnologue. Une fois la fermentation terminée c’est le temps du pressage, délicat comme il se doit, puis le retour en barrique pour 18 mois. Jusqu’à la mise en bouteille. Les Clos Mauléon mis à la vente cette année proviennent de la vendange 2022 et les vignerons de Caramany comptent bien en produire chaque année. Le 2023 et le 2024 sont en train de s’élaborer dans la tranquillité de leurs barriques.

D’un clos à l’autre ?

Au-delà de l’aventure vigneronne de la construction d’une telle cuvée, les vignerons de Caramany voient plus loin. Il espère que le succès de cette cuvée, s’il survient, tire la renommée du vignoble et de la cave vers le haut, et les prix de vente du reste de la gamme avec pour conforter l’ensemble du vignoble. Arnaud Delonca pense aussi à demain, voir après-demain. Il a dans l’idée de construire des murettes autour des morceaux de parcelles concernés par la cuvée, pour « matérialiser le Clos Mauléon ». À l’image des vignes des prestigieux vignobles de Bourgogne. Et qui sait, un jour peut-être les Clos Mauléon auront-ils le droit de vieillir aux côtés de flacons tout droit issus du Clos de Vougeot (Nuit-Saint-Georges) dans les caves des collectionneurs ?

Yann Kerveno

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