Inflation : il faut (vraiment) sanctionner les spéculateurs ! [par Jean-Paul Pelras]

Des factures énergétiques multipliées par 3, par 10, par 20 selon le type d’énergie utilisé. C’est ce qui attend les entreprises françaises avec, d’ores et déjà, une baisse de 40 % de la production annoncée dans le secteur automobile, mais également dans celui de la métallurgie, en agriculture, dans l’artisanat, dans le commerce, dans l’industrie toutes branches confondues ou encore dans le tourisme avec des stations de ski qui pourraient ne pas ouvrir cet hiver.
L’effet domino dévastateur que va susciter cette inflation historique a-t-il été évalué par le gouvernement ? Ou bien Macron, Borne et leurs ministres sont-ils en train d’implorer quelques dieux providentiels, emmitouflés dans le déni de leurs doudounes, le menton rentré dans l’imposture de leurs cols roulés ?

Gouverner c’est prévoir. Demandons donc à la finance, qui gouverne depuis plus de cinq ans, ce qu’elle prévoit pour éviter le cataclysme. Car, depuis la crise de la Covid, les dividendes tombent comme à Gravelotte et le ruissèlement termine systématiquement sa course dans l’escarcelle d’actionnaires multimilliardaires qui, de toute évidence, profitent à temps plein de l’abondance et de l’insouciance. Pour juguler cette hémorragie, le pouvoir en place doit créer un nouveau ministère, celui de l’anti-spéculation, car le profit débridé et incontrôlé est en train de vider à la fois le porte-monnaie des Français et celui des entreprises.

Il ne faut être ni grand clerc, ni “complotiste” pour savoir qui accorde l’absolution aux capitalistes

Ce que nous venons de vivre avec la hausse exponentielle du prix des carburants sur les totems des stations-service est à la fois inconcevable et inacceptable. Empêtrés dans leurs querelles puériles sur les bancs de l’Assemblée et du Sénat, les législateurs n’auraient jamais dû laisser passer de tels abus. Et le gouvernement, plutôt que de vouloir former des militaires ukrainiens au risque d’exacerber encore plus les tensions internationales, aurait mieux fait de (vraiment) mobiliser les administrations pour contrôler et sanctionner les resquilleurs. À moins qu’il ne soit plus facile de verbaliser l’artisan, en panne sèche au bord de la route ou sur son chantier, équipé d’un jerricane pour faire fonctionner son compresseur. Un peu, finalement, comme les gardes du cardinal s’empressaient de sanctionner celui qui osait prendre un café debout, marcher au-delà d’un kilomètre ou manger un sandwich dans le Paris-Port Bou.

La répression à géométrie variable, celle qui s’acharne sur le citoyen lambda au lieu de cibler les véritables responsables de l’inflation, a atteint ses limites. Trop d’atermoiements, trop de mensonges, trop d’arrangements, trop de duplicité et de mépris ont entaché l’action et surtout l’inaction du gouvernement.
La finance a toujours été épargnée (Bruno Le Maire vient de dire que taxer les superdividendes était profondément injuste…) et il ne faut être ni grand clerc, ni “complotiste” pour savoir qui accorde l’absolution aux capitalistes. Tout ce qui augmente boursicote et finit par rapporter aux banques, mais aussi à l’État via l’impôt prélevé. Reste à savoir jusqu’à quand les particuliers et les entreprises du secteur privé qui les emploient vont pouvoir supporter ces prélèvements permanents et injustifiés, car, par ricochet, issus d’une spéculation effrénée. Oui, reste à savoir si avant l’hiver, peut-être revenu de sa campagne de Russie, l’empereur du moment va se décider à convaincre et à contraindre tous ses “amis”. Ceux qui, dans l’entre soi du pouvoir, s’amusent avec notre temps et avec notre argent !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *