Hausse du prix des carburants : la colère des taxis ambulanciers [par Thierry Masdéu]

Après une baisse survenue durant les périodes du confinement, les prix des carburants à la pompe sont repartis à la hausse et atteignent les niveaux d’avant crise sanitaire. Situation qui, rappelons-le, fut à l’origine du mouvement des gilets jaunes. Si, pour l’heure, la vindicte populaire demeure confidentielle, les artisans taxis-ambulanciers tirent la sonnette d’alarme. (Sachant que, à l’heure où nous bouclons, les prix ont encore augmenté dépassant la barre des 1,50 euros dans la plupart des stations).

Mise à part leur vocation à porter assistance aux personnes, leur métier consiste aussi à rouler ! À ce titre, comme en 2008, 2012 ou 2018, les hausses tarifaires du prix du gasoil impactent significativement la gestion de leurs entreprises. Avec un rayon d’action sur toute l’Occitanie, parfois à l’étranger pour des rapatriements sanitaires et avec une moyenne de 140 prises en charge au quotidien, Christophe Batifol, taxi-ambulancier basé à Toulouges et président du Syndicat départemental des artisans ambulancier (SDAA) ne cache pas ses inquiétudes. “Depuis le début de l’année, je constate que la hausse du prix du gasoil est très conséquente et, à ce jour, mon poste carburant a subi une augmentation de près de 10 000 € par rapport à l’année dernière !” déplore, excédé par cette envolée des prix, cet artisan ambulancier à la tête de 14 chauffeurs et d’une flotte de 9 véhicules. “C’est bien simple, chaque mois depuis avril, à chaque plein de mes cuves d’une contenance de 4 000 litres, je décaisse plus de 1 000 € supplémentaires ! C’est une perte sèche pour l’entreprise. Et, depuis deux semaines, je constate aussi que régulièrement le prix du gasoil prend quasiment près de 1 cts tous les jours !”

Lié par la tarification de la CPAM, le tarif des prises en charge est bloqué par décrets ministériels, et une augmentation du ticket ne semble pas à l’ordre du jour pour compenser les dépenses de carburant. D’autant que l’année dernière, comme le souligne le président de la SDAA et après huit années sans revalorisation, le secteur en a bénéficié. Aussi, les taxis-ambulanciers n’ont pas d’autre choix que de trouver des alternatives comme la diminution ou suppression temporaire des heures supplémentaires des collaborateurs, ainsi que la réduction de la distance des trajets.

Après les contraintes de la Covid…

Un vrai casse-tête dans l’organisation des plannings. “Pour optimiser les déplacements, nous devons en permanence surveiller le trafic de notre flotte géo-localisable, afin d’affecter à la course le véhicule qui se situe au plus proche du patient à transporter” souligne Christophe Batifol, qui doit aussi revoir les circuits que les chauffeurs empruntent pour limiter le kilométrage. “Suivant les zones et horaires de pointe, on leur indique des itinéraires qui sont plus courts ou moins sujets à une surconsommation.” Même si les ordinateurs de bord attestent une économie d’environ 15 % sur la consommation du carburant, pour le président de la SDAA ces pratiques ne solutionnent pas l’équilibre économique des entreprises, dont certaines seraient déjà en difficulté. “Après les gros efforts financiers que nous avons dû entreprendre dans l’investissement d’équipements personnels de protections anti-Covid pour protéger nos équipes, les personnes transportées, les coûts des désinfections systématiques des véhicules après chaque transport, etc., là, ces hausses exponentielles du prix du gasoil fragilisent la pérennité de nos entreprises !”

D’autant que, toujours soumis aux protocoles sanitaires, un patient/une course, les transports partagés sont toujours prohibés. Une contrainte que doivent respecter les 61 entreprises d’ambulances et 400 taxis que comptent les P.-O. Si la solution pourrait être le véhicule tout électrique, peu de professionnels l’envisagent ou l’utilisent car l’autonomie et le volume disponible à l’arrière ne sont guère adaptés aux exigences de ces professionnels du transport sanitaire. Seuls des véhicules avec une motorisation hybride flexfuel semblerait être une bonne alternative au moteur diesel, mais trop peu répandus chez les constructeurs.

Une réflexion sur “Hausse du prix des carburants : la colère des taxis ambulanciers [par Thierry Masdéu]

  • 14 octobre 2021 à 11 h 39 min
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    Ça n’existe pas un taxi ambulancier.
    C’est ou l’un ou l’autre. En l’occurrence, sur votre photo, c’est un ambulancier.

    Un ambulancier D.E.

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