FCO : « Il est important de déclarer les foyers »

Une centaine d’élevages ont déjà été victimes de la fièvre catarrhale. Et c’est bien le même virus que celui qui a sévit en Aveyron l’an passé.

Le bilan provisoire de la fièvre catarrhale dans le département est déjà très lourd. « Depuis le début de la crise, j’ai perdu 180 brebis sur un troupeau de 600 » se désole Antoine Chrysostome, éleveur à Corsavy et président du syndicat ovin du département. Début août, on approchait la centaine d’élevage touchés avec des mortalités importantes sur les ovins. En tout, 5 élevages caprins, 65 élevages ovins et 26 élevages bovins (avec cinq mortalités) avaient déclaré un foyer. Mais d’autres espèces de ruminants sont concernées, les camélidés, les lamas… Sans parler de la faune sauvage.

Sauf en plaine

Seules deux zones du département sont peu concernées pour le moment, la Plaine du Roussillon et le massif des Albères mais la maladie a débordé dans les départements voisins, en Ariège et dans l’Aude et jusqu’en Haute-Garonne. Passée l’attente du résultat des analyses, on sait maintenant que c’est bien un type 8 du virus qui circule, et précisément le même que celui qui s’était manifesté l’an dernier en Aveyron. À cette différence près qu’il est beaucoup plus virulent. « Il y a plusieurs choses qui montrent cette virulence particulièr e» explique Paul Delbosc, directeur du Groupement de défense sanitaire des Pyrénées-Orientales. « La première c’est que nous avons des cas sur des troupeaux caprins, ce qui n’était pas arrivé lors du dernier épisode. La deuxième c’est la mortalité sur les ovins, elle est de 30 % des troupeaux en moyenne, c’est très important. Et la létalité, le nombre d’animaux morts par rapport au nombre d’animaux malades est aussi très forte. »

Altitude et MHE

Ce qui surprend aussi le monde de l’élevage, c’est l’altitude à laquelle le moucheron culicoïde qui véhicule la maladie a semble-t-il eu accès cette année. « Normalement il ne survit pas au delà de 1 400 ou 1 500 mètres, mais là nous avons des troupeaux qui ont été contaminés en estive, bien au dessus » fait remarquer Thomas Sundermann, chef du service santé, protection animale et environnement de la Direction départementale des populations. « Une crise de cette ampleur n’avait jamais été vue et surtout ne pouvait être prédite. » On ne sait pas comment le moucheron est arrivé jusqu’au Vallespir ou l’épizootie s’est déclarée. Les chercheurs du CIRAD, un centre de recherche, sont venus faire des prélèvements d’insecte pour en savoir plus sur ce moucheron qui est aussi vecteur de la MHE, dont un premier cas a été diagnostiqué fin juillet dans les Pyrénées-Orientales, mais aussi la fièvre équine et la West Nile.

Déclarer les cas

Que va-t-il passer maintenant ? Les campagnes de vaccination, elles sont à la discrétion des éleveurs et de leur vétérinaire, devraient commencer de produire leurs effets. Les animaux acquièrent l’immunité au bout d’une quarantaine de jours. « En théorie, on vaccine quand la maladie n’est pas présente, s’il y a un risque, mais là c’est arrivé tellement vite qu’il a fallu agir en urgence » raconte Paul Delbosc. Et on ne connaît pas non plus la nature des dispositifs d’aide qui seront mis en place pour les éleveurs touchés. « Nous n’avons pas beaucoup de brebis dans ce département, 13 000, cela risque de porter un sérieux coup à notre filière » regrette le président du syndicat ovin. « Mais il est impératif que les éleveurs déclarent les foyers, c’est une maladie à déclaration obligatoire, appellent les vétérinaires, parce que les notifications de contamination auront certainement un rôle dans le déclenchement des aides » prévient Paul Delbosc qui se réjouit que l’ensemble du monde agricole travaille la main dans la main sur ce dossier pour tenter d’atténuer un peu l’impact moral et économique du passage de la maladie dans les élevages. 

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