Du rififi sur le commerce mondial
La Chine fait les frais des décisions de Trump et se retrouve momentanément seule face à sa surenchère. De son côté, l’UE retire ses mesures de rétorsion après le rétropédalage du président américain.
« L’escalade tarifaire des États-Unis à l’encontre de la Chine ajoute l’insulte à l’injure. » Le ministère chinois des Finances réagit ainsi au passage à 125 % de droits de douane des produits chinois entrant aux États-Unis. Pékin annonce des mesures de rétorsion (passage à 125 % sur les produits US entrant sur son sol) et saisit l’Organisation mondiale du commerce. En vain, puisque le président américain maintient la pression sur la Chine alors même qu’il l’a subitement relâchée pour les 75 autres pays concernés par sa hausse unilatérale des droits de douane.
Bourbon, vin et produits laitiers exclus
Lorsque la nouvelle est tombée, le 10 avril, de faire retomber ces droits à 10 % pour tous, l’UE venait à peine de mettre en application ses contremesures de rétorsion qui excluaient cependant certains produits américains sensibles comme le bourbon, le vin ou les produits laitiers. En revanche, un grand nombre de produits agricoles (volaille, œuf, viande bovine, ovine et caprine, tomates, miel, agrumes, céréales, maïs doux, riz, beurre d’arachide ou encore sucre) étaient concernés ainsi que les amandes et le soja, avec des dates de mises en application échelonnées d’avril à décembre.
« Le Mercosur n’est pas un remède »
Et l’UE, qui cherche des débouchés de remplacement, remet sur la table l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Amérique du Sud) auquel la France est opposée, position minoritaire parmi les États membres. Opposition que confirme Annie Genevard, la ministre française de l’Agriculture, invitée sur Radio J : « cet accord n’est pas un remède » et il « ajouterait des désordres (…) aux désordres provoqués par les taxes douanières de Donald Trump ». S’exprimant plus largement sur la teneur de la riposte, elle a déclaré que « l’agriculture ne doit pas être la variable d’ajustement de cette riposte. Elle ne doit pas être pénalisée plus qu’elle ne peut l’absorber ».
Jean Chabod avec Agrafil