« C’est peut-être la dernière crise viticole »

Le syndicalisme viticole des Pyrénées-Orientales réclame un plan d’aide à la hauteur du désastre de la vendange 2024

Quand il entame son propos en disant que les Pyrénées-Orientales vivent peut-être leur dernière crise viticole David Drilles, président du syndicat des vignerons n’anticipe pas un retour à la normale mais bien l’absence de crise parce que la viticulture aura disparu du paysage. « Nous vivons une situation dramatique, la succession d’aléas climatiques a réduit la taille des vendanges et c’est l’ensemble des vignerons du département qui souffre aujourd’hui. » Président des vignerons indépendants, Guy Jaubert ajoutait : « on pensait avoir touché le fond l’an dernier mais ce n’était pas le cas puisque c’est pire cette année. La vigne a trop souffert l’an dernier. » Le rendement moyen devraient en effet tomber à moins de 20 hectos par hectare cette année quand le seuil moyen de rentabilité est d’environ 30 hectos. Et qu’il n’a plus été atteint depuis le début de la décennie dans le département. « Le coup de chaleur du début du mois d’août sur des vignes éprouvées a été fatal » précisait pour sa part Guillaume Ribes, président de la Fédération des coopératives des Pyrénées-Orientales.

Arrachage, aide d’urgence

Les trois syndicats attendent donc des réponses de l’État, d’abord d’ici le 15 octobre sur les modalités d’arrachage dont on ne connaît pas encore les modalités. « Vue la situation en France, il y a fort à parier que les 150 millions prévus ne seront pas suffisant, il faudra rallonger » estimait Guy Jaubert. Et ce d’autant que l’enquête menée par FranceAgriMer semble, avant l’été qui plus est, semblait loin de la réalité avec 26 000 hectares d’intention pour un objectif de 100 000.  « Il faut aider à partir ceux qui veulent arrêter et aider dans le même temps ceux qui veulent restructurer pour continuer » plaidait le président du syndicat des vignerons. Ensuite, ils demandent le renouvellement de l’aide exceptionnelle acquise l’an dernier. « Le département des Pyrénées-Orientales avait obtenu deux millions d’euros qui ont profité à 80 entreprises » détaillait David Drilles. « Mais ces deux millions faisaient partie d’une enveloppe de 80 millions destinée à cinq bassins de production. Il faut que l’État comprenne que cette année il lui faudra consacrer 80 millions à un bassin de production, l’Occitanie. Et ce que ce soit fléché sur les pertes de récoltes et de matériel végétal. »

Union sacrée

Pour Guy Jaubert, le calcul est tout aussi simple : « Il faut une aide qui soit semblable à celle de l’an dernier, qui nous a permis de garder la tête hors de l’eau, mais il y a aura cette année beaucoup plus de candidats donc l’enveloppe doit être plus importante ! Si nous n’avons pas de réponses d’ici la fin de l’année ce sera catastrophique. » « Avant nous avions de la visibilité sur plusieurs années, là c’est à peine quelques semaines tant la situation est tendue, sans réponses, des vignerons vont aller au RSA faute de pouvoir faire le métier qui est aussi leur passion » ajoutait pour sa part Guillaume Ribes qui presse aussi l’État d’aider l’aval, les coopératives dans son cas qui n’ont rien perçu l’an dernier en dépit des difficultés. « Les dernières aides que nous avons eues c’est pour le gel de 2021, et nous les avons touchées en 2023… » Et David Drilles de conclure : « Le terme est à la mode, c’est bien une union sacrée de toutes les forces de ce département qu’il faut pour sauver la viticulture, parce que sinon ce sont des pans entiers de territoire qui vont se trouver privés de l’économie qui les fait vivre. Et n’oubliez pas, nous les vignerons, étions dans la rue avant le début des grandes manifestations du début de l’année et nous ne mourrons pas sans nous défendre. » 

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