Armons nous… et partez ! [par Jean-Marc Majeau]

Je pense avoir toujours été antimilitariste ! Depuis mon plus jeune âge. Était-ce la peur de revivre l’histoire de ces milliers de jeunes gens partis au front sans espoir de retour ? Ou bien tout simplement cette aversion de l’autorité imposée ? Il faut dire que j’étais à bonne école, mon grand-père étant « colonel » ! Pourtant, il débutât sa carrière comme instituteur. Les combats de la 1e guerre ayant décimé le commandement militaire de ce pays, on lui proposa une passerelle pour incorporer une école d’officiers, pensant sûrement que, sachant apprendre à lire à de jeunes enfants il était qualifié pour leur enseigner comment tenir une arme ! Et à planter une fleur au bout du canon !

Je crois avoir toujours pensé qu’il était possible que l’on me demandât un jour d’enfiler un treillis, des rangers et de monter dans un train qui sentirait l’urine et la sueur pour aller combattre des inconnus qui ne m’avaient jamais rien fait ! Par chance, j’ai traversé une vie presque complète sans que cette occurrence ne se présentât. Je croyais même que, malgré les appels patriotiques répétés de nos « va-t-en-guerre » à képis, le temps des bellicistes était révolu. J’espérais que le monde ait évolué, et que l’anthologie de la connerie militaire ait disparu avec les derniers grognards et leurs médailles de pacotille. Il restait bien ces paroles troublantes d’un hymne national qui nous incite à être les « enfants de la patrie » brandissant un drapeau sanglant, chassant de nos campagnes les égorgeurs de l’anti-France, dont le sang impur abreuverait nos sillons ! J’avoue avoir un peu de mal à le chanter, même quand il s’agit de la faire dans une enceinte sportive.

Peut-être sont-ce les réminiscences de ces images de ces stades que les dictatures utilisent souvent pour passer par les armes ceux qui s’opposent à elles ? Et sûrement de ce chauvinisme abject qui sourd des tribunes, joyeux ou agressif, selon que le résultat est favorable ou pas. Ce chauvinisme qui entraîne la violence. Et avec la violence, la barbarie. François Cavanna disait « On ne part pas à la guerre comme ça, de but en blanc. Il y a une préparation indispensable. Il faut, pour y partir, être très en colère. Vos chefs, vos gouvernants, vos médias, s’emploient activement à vous gonfler la glande du chauvinisme. » Pour vous rendre fous ! Fous, mais toujours serviles, toujours obéissants, toujours aussi cons !

Cons au point, aujourd’hui, de croire qu’il faut sacrifier, une fois encore, notre patrimoine déliquescent, afin de courir comme des poulets sans tête, affronter l’armée russe, dernier délire en date de notre Président national. Avec quel projet ? Avec quelles armes ? Et, surtout, avec quel argent ? Allons-nous adhérer à cet appel ancestral ? Celui qui apprenait aux écoliers qu’il faut savoir vaincre ou périr. Et qui ferait de nous ce peuple de héros, boutant de tous les territoires les hordes sauvages qui les menacent. Peuple que nous n’avons jamais été. Je préférerais que le projet soit celui de former des citoyens responsables. « Pour faire un militaire, il faut défaire un civil. » Cette phrase est de Boris Vian, le sosie d’Emmanuel Macron…

Il serait utile que ce dernier la relise avant de nous jeter dans un conflit dont nous n’avons aucune utilité. Sauf celle, pour lui, de pouvoir parader comme un coq, sans jamais prendre le moindre risque de se faire blesser ! Mais cela doit encore faire partie du personnage et du mépris qu’il a des gens qu’il gouverne. Il considère probablement, comme le disait Einstein, que « ceux qui trouvent du plaisir à marcher au pas cadencé, n’ont sûrement reçu leur cerveau que par mégarde, leur moelle épinière leur suffisant amplement pour se mouvoir en rang au son de la musique militaire » et des ordres délirants qui vont avec !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *