Yves Aris : “Teraneo est une maison d’expérience” [par Yann Kerveno]

La coopérative veut aller chercher de la marge pour les producteurs.

Le sort est parfois taquin, comme celui qui a contraint à convoquer une nouvelle assemblée générale de la coopérative Teraneo parce que le quitus n’avait pas été atteint lors de la première convocation. Une information qui fait lever le sourcil dans le Landerneau tant on entend parfois ici ou là que la coopérative de Saint-Hippolyte est dans une situation difficile. Yves Aris, son président, balaye les rumeurs d’un geste. Non, si l’assemblée générale a été reconvoquée c’est à cause de la Covid et des modalités complexes pour organiser une assemblée générale dans ces temps de restriction. “Nous avons fait une erreur, parce que personne ne savait vraiment comment ça se passait, même dans les instances nationales des coopératives, et nous n’avions pas suffisamment de pouvoirs pour statuer lors de cette assemblée générale initialement prévue au printemps et finalement tenue à huis clos avec le conseil d’administration”. Mais qu’en est-il de la coopérative ? “Nous travaillons !” assure Yves Aris, “nous avons changé d’équipe de direction, la direction générale et la direction commerciale en quelques mois. Donc, en plus du contexte Covid, d’une situation agricole difficile, c’est une gestion qui est naturellement compliquée” ajoute-t-il. Mais il assure que Teraneo prépare l’avenir en s’adaptant. Avec un dossier majeur, celui de la baisse de la démographie agricole et donc des apports, qui obligent à des reconfigurations industrielles profondes.

Se concentrer sur la marge
“Teraneo est une coopérative historique du département, elle a beaucoup apporté à l’agriculture ici, beaucoup d’innovations, la nectarine, les nouvelles variétés de pêches, la quatrième gamme” explique-t-il. “Aujourd’hui, la production de la coopérative c’est environ 15 000 tonnes pour 15 M € de chiffre d’affaires et la mise en marché du bureau commercial auquel est associée une entreprise de la vallée du Rhône, c’est 25 000 tonnes de fruits et légumes. Mais la révolution que nous avons à faire est de considérer que les volumes n’ont plus vraiment de sens, c’est sur la marge qu’il faut aujourd’hui nous concentrer. Alors oui, ce sont toujours les kilos qui écrasent les charges, mais il faut surtout que ce soient des kilos qui génèrent des marges.” La coopérative réfléchit donc tous azimuts. “Il y a deux façons de faire, pour la figue par exemple, ce sont les producteurs qui ont initié la production, la coopérative a créé le marché et maintenant c’est le marché qui tire. Pour d’autres produits, comme la patate douce, le marché demande et nous essayons de répondre, nous regardons à mieux maîtriser l’itinéraire technique pour améliorer la production.” Aujourd’hui, Teraneo s’appuie sur une production diversifiée, de l’artichaut à l’abricot, la pêche et les nectarines en passant par la figue, le céleri, les feuilles dures comme la scarole ou les frisées… “Nous avons également des réflexions autour de la bio mais aussi des essais de carottes fanes, de petits fruits comme les framboises ou les groseilles. Et comme pour tout, une fois que nous maîtriserons les volumes, il faudra faire le pas de la maîtrise de la qualité.”

Vente des stations de Prades et Villelongue
Des réformes plus structurelles sont aussi en cours pour adapter les outils aux productions et aux marchés. Deux stations sont mises à la vente : Prades et Villelongue. “Cela rentre dans notre projet de mieux maîtriser nos charges, mieux valoriser nos outils et cela peut aussi nous apporter de nouveaux moyens. Nos autres outils, à Saint-Hippolyte ou Ille, sont neufs et très performants.”
Mais Yves Aris veut aussi croire à cet avenir. “Le conseil d’administration de la coopérative est largement rajeuni, au bureau, la moyenne d’âge est tombée sous les 40 ans, cette génération n’est pas polluée par le passé.” Certains producteurs ont également été poussés vers la sortie “parce que leur état d’esprit ne correspondait pas à notre projet, mais nous continuons à travailler avec certains d’entre eux comme apporteurs extérieurs… Teraneo est une maison d’expérience, nous avons, c’est vrai, passé des années très difficiles mais la coopérative n’est pas en péril, les finances sont saines en dépit des investissements menés sur le long terme, le portage foncier par exemple, qui pèse sur notre trésorerie.”
La nouvelle assemblée générale de Teraneo était convoquée cette semaine.

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