Viticulture : un verre à moitié plein ? (Par Yann Kerveno)

100 M€ pour les exonérations, 2 millions d’hectos à la distillation… Le plan sectoriel de la viticulture avance.

Reportée de quelques jours, la réunion au sommet entre les représentants de la filière viticole et les ministres de l’agriculture, de l’économie et du budget a pu finalement avoir lieu lundi soir, 11 mai. « Le ministre de l’économie Bruno Le Maire nous a confirmé que le gouvernement allait mettre en place un plan sectoriel, c’est une décision qui correspond à nos attentes » détaillait Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants par téléphone à l’issue de la réunion. « À dire vrai, après le report de cette réunion la semaine passée, nous étions un peu inquiets. » Ce plan sectoriel est découpé en trois chapitres, les exonérations, la distillation et le fonds de compensation. « Pour les exonérations de cotisations sociales, le gouvernement a pour l’instant mis 100 M€ sur la table pour couvrir la première période du confinement depuis le 15 mars, mais nous souhaitons que ces exonérations perdurent jusqu’à ce que tous les canaux de distribution soient ouverts, notamment la restauration » ajoute-t-il. L’enveloppe est aussi très probablement sous-calibrée. « 100 M€ c’est une base, mais cela ne sera pas suffisant, nous serons peut-être plutôt entre 200 et 250 M€, mais c’est bonne une base de négociation pour aller plus loin. »

Distillation trop courte ?

Si le principe de la distillation a été accepté par le gouvernement français, l’Union européenne se fait toujours tirer l’oreille pour financer partiellement, à hauteur de 20 ou 30 €/hl, un plan continental de distillation de 10 millions d’hectos. Un sujet qui devait être abordé une nouvelle fois mercredi 13 mai lors d’un conseil des ministres européens de l’agriculture. Pour la France, le gouvernement a accepté le financement de 2 millions d’hectolitres à 80 € pour les appellations et 65 € pour les vins sans indications géographiques. « Comme pour les exonérations, 2 millions d’hectos c’est une base de travail, mais c’est sous calibré puisque la demande était de 3 millions d’hectos. » Pour le fonds de compensation, qui doit venir éponger une partie des pertes liées au conflit qui oppose Trump à l’Europe et qui se traduit par la surtaxation des vins français, le gouvernement cherche toujours à ce qu’il soit pris en charge par les fonds européens. C’est donc bien un verre à moitié plein que Jean-Marie Fabre veut voir posé sur la table des négociations. Une nouvelle réunion est prévue la semaine prochaine avec les services du ministère de l’agriculture pour affiner la portée des mesures. La semaine passée, l’Association des élus des régions viticoles avait porté le plan de la filière, dont une partie des mesures est aujourd’hui intégrée dans le plan sectoriel en préparation.

Et un plan pour la région.

Ce mardi, jour de bouclage de l’Agri doit aussi se tenir la réunion de finalisation du plan régional de soutien à la viticulture. C’est Anne-Laure Pellet, directrice du CIVR qui est chargée de la coordination du plan. « Il sera doté d’une gouvernance élargi pour être le plus cohérent possible » précise Philippe Bourrier, président du CIVR. « Pour qu’il permette à tous, vignerons indépendants, coopératives, négoce de trouver les ressources pour rebondir sur tous les types de marchés. » Outre les financements attendu de la Région Occitanie, le CIVR, comme nous nous en sommes déjà fait l’écho, est aussi en train de modifier sa stratégie pour mettre en place des actions spécifiques au Roussillon.

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