Une manif pour “le respect”

Pas d’opération escargot mais une cargolade.

Avenue Joffre, mardi 11 h. Une centaine d’agriculteurs. Trois tracteurs et trois bennes transportant du marc de raisin, de la terre, du fumier… En quelques secondes la circulation est totalement interrompue. Nous sommes devant la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), administration en charge des questions agricoles.

Pas de rencontre prévue avec les responsables de cet organisme car, au même moment, une délégation est reçue quelque centaines de mètres plus loin par le préfet. Il s’agit juste d’une visite de courtoisie organisée par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs des P.-O. pour répondre à un mot d’ordre national. Au programme des revendications, les concurrences déloyales avec en ligne de mire les accords de libre-échange et les importations massives de productions étrangères, la suppression des financements aux Chambres d’agriculture, les pensions de retraites dérisoires, les pressions environnementales et les campagnes de dénigrement qui leurs sont corrélées.
Une préoccupation qui s’invite désormais régulièrement dans les champs, les vignes, les vergers, les pâturages et les étables de nos paysans avec ce que l’on a désormais coutume d’appeler “l’agribashing” et la stigmatisation de tout un secteur d’activité, comme l’explique David Drilles, président des Jeunes Agriculteurs : “Nous consacrons notre vie à nourrir la population et nous nous faisons attaquer de toute part, par les écologistes, par les consommateurs, par les prescripteurs d’opinion et par les médias qui surfent sur la vague du politiquement correct, sans tenir compte des réalités, sans tenir compte de notre quotidien. Quand il n’y aura plus d’agriculteurs en France, tous ces gens seront obligés de se nourrir avec des marchandises importées et non contrôlées. Là, ils auront de quoi écrire et critiquer. Mais il sera trop tard”.

Une poignée d’écologistes qui ne savent pas faire la différence entre un tracteur et une tondeuse à gazon
Un message qu’Yves Aris, Bruno Vila et Gérard Majoral pour la FDSEA 66 ont transmis au préfet. Ils étaient accompagnés de Fabienne Bonet et de Laurent Girbau, respectivement présidente de la Chambre d’agriculture et président du Syndicat des Vignerons ainsi que, entre autres responsables, de Benoit Bousquet pour les JA.
Une matinée sous le signe de la colère, mais aussi du découragement. Parmi les agriculteurs, certains piliers du syndicalisme agricole présents dans les manifs depuis un demi-siècle n’hésitaient pas à déclarer : “Nous avons tout connu, les méventes, les intempéries, les contraintes administratives, les problèmes sanitaires et maintenant il faut que l’on se plie aux exigences des environnementalistes. Aux exigences de quelques écologistes qui ne savent même pas faire la différence entre un tracteur et une tondeuse à gazon, et qui veulent nous expliquer comment gérer nos exploitations. Ce sont ces types que les politiques écoutent. Le résultat est devant nous, nos campagnes se vident, les friches avancent et il n’y aura bientôt plus de paysans pour entretenir le territoire. Si c’est ce qu’ils veulent qu’ils le disent. Fin de l’histoire !”

Jean-Paul Pelras

 

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