Ils sont trois, assis sur le côté…

Ils sont trois, assis sur le côté. La trentaine, costume-cravate, teint falot, lunettes à montures épaisses. Ils prennent des notes sur leurs tablettes, consultent frénétiquement leurs smartphones et conservent, tout au long des débats, cette posture figée indissociable de la fonction qui fait d’eux des “conseillers”.
Conseillers de la ministre, conseillers d’une République qui leur verse des salaires dépassant allègrement les 10 000 euros mensuels. Ils et elles sont les hommes et les femmes de l’ombre, recruté(e)s à l’ENA ou en polytechnique, potentiels futurs ministres, actuels stagiaires d’un système politicien qui fait d’eux des obligés complaisants, des subalternes obéissants. Ils notent, relèvent, consignent les propos tenus, distinguent les roucoulades autochtones des formules qui font mouche. Et, enfin, analysent l’aspect politique du problème comme on extrait l’absolue d’une plante pour créer un parfum.
Ce jour-là tout y est passé, les compétitions déloyales, l’environnement, les charges sociales, les taxis, le glyphosate, la frontière et, entre autres, les travailleurs détachés.
Les politiques du cru, du moins ceux qui étaient parvenus à faire descendre la ministre jusqu’à la Llabanere étaient aux anges. Les responsables professionnels avaient pu poser leurs questions, les mêmes que celles posées depuis trente ans. Le bouquet de fleurs avait été offert au bon moment, la grappe de raisin pour la photo avait été vendangée dans la bonne humeur et le protocole bien sagement respecté.

La mesure de l’usure…
Et puis il y eut ce lendemain où De Rugy remplaça Hulot. Ce lendemain où l’environnement est devenu, pour ainsi dire, première cause nationale à en juger par l’ampleur de la communication réservée à cette redoutable (et émouvante…) passation de pouvoir. Ce lendemain où plus personne ne se gênait pour dire que l’agriculture devait obéir à l’écologie avec, entre autres, cette rumeur persistante qui évoque la création d’un “ministère de la Terre”.
Nous y voilà. Et regardons les choses en face. Pour ce qu’il produit, le paysan n’est plus considéré. Il est suspecté d’empoisonner son prochain, de polluer les rivières et les océans, de détruire le climat, de contribuer à l’extinction des oiseaux, des papillons, des abeilles, de menacer par son activité tout ce qui respire ici-bas. En résumé, il est en train de perdre la main. Cette main qui a façonné nos campagnes. Ces campagnes où le citadin vient exercer désormais son droit de regard comme, au moyen âge, le seigneur venait prélever sa dîme. Parce que ceux qui n’ont jamais travaillé la terre ailleurs que dans des jardinières suspendues aux balcons des ministères savent forcément ce qu’il faut faire pour produire si possible le moins possible et le moins cher possible.
Car elle est là l’équation sociétale : réguler les volumes et juguler le pouvoir d’achat tout en autorisant cette importation low cost qui, peu à peu, prend le relais et pousse vers la sortie nos agriculteurs français.
D’où le retour de nos trois bonhommes qui, après avoir évalué, entre quatre rousquilles et deux rasades de muscat, le crédit des forces en présence et la mesure de l’usure, savent forcement, avec un peu de patience, comment il faudra s’y prendre pour venir à bout de “cette” agriculture.

2 réflexions sur “Ils sont trois, assis sur le côté…

  • 17 septembre 2018 à 18 h 00 min
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    bonjour monsieur PELRAS , tu me te souviens sans doute pas de moi , je suis le binome de pierre GIOVANELLI , MORENO michel.
    tu peut demander a jaqueline dont je me sent proche depuis des années.
    j’aime votre facon de vous exprimer directe et avec vos tripes, je vous suit, je vous lit et je continue de m’instruire ,d’avoir une autre opinion sur les evenements.
    j’ai peur pour le roussillon ,trop d’intérêts personnels par de vision sur notre devenir, je ne voie personne ressortir du lot. certains de nous ont des projections sur l’avenir mais la majorité attent patienment la retraite. nous avec pierre continuons a rever, continuons a entreprendre. quoi de plus beau que de créer de belles enpretrises ,de les voir s’epanouir mis des fois tel que DON QUICHOTTE et SANCHO PANSA ou se bat contre des moulins a vents. heureusement nous le savont tout l’essentiel , c’est ton cinquieme element et ta famille,les vrais amis et la santé. au plaisir de vous lire tous. sincères salutations moreno louis-michel

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  • 22 octobre 2018 à 14 h 18 min
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    > en autorisant cette importation low cost qui, peu à peu, prend le relais et pousse vers la sortie nos agriculteurs français.
    C’est bien là le problème. On ne peut pas maintenir la qualité, les emplois, la qualité de la vie rurale avec un commerce international ouvert à tous les vents. Relire “le testament de Maurice Allais”, https://osonsallais.wordpress.com/tag/allais/ et se demander pourquoi nos politiciens font le contraire.

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