Tribune UPA : “Le programme et le progrès”

Il y a quelques temps, des professionnels de la santé et de la petite enfance ont publié une tribune dans Le Monde : “Nous recevons de très jeunes enfants stimulés principalement par les écrans, qui, à 3 ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, ne communiquent pas, ne parlent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs”.
Nous avons malheureusement constaté le même problème avec un personnel politique à peine sorti de l’enfance du premier mandat. Trois ans aux responsabilités, ou plutôt, aux affaires. Fascinés par les écrans, incapables d’interagir avec les autres, convaincus comme des gamins colériques d’être dans le vrai quand tout indique le contraire, prompts à accuser l’autre plutôt que de faire profil bas … “Très agités ou très passifs”, on ne pouvait pas mieux dire. Il aurait fallu agir, ils s’agitent. Il aurait fallu parler aux gens, ils parlent d’eux. Il aurait fallu entendre la détresse des habitants, ils dissertent sur leurs opposants politiques. Parce-qu’ils ne sont pas capables de rester concentrés suffisamment longtemps, ils confondent les mots justice et justification.
Puisque visiblement le sens du ridicule n’a aucun problème à circuler de Perpignan à Mont-Louis, il faudrait récupérer l’étude qui envisageait (sérieusement) d’installer un téléphérique au pied du Castillet. Peut-être qu’avec quelques ajustements, on contournera la route par les airs, donnant ainsi à la zone du Pallat des faux airs de San Francisco. Si tu ne vas pas à la Silicon Valley, la Silicon Valley viendra à toi. Après tout, quand on n’arrive pas à se concentrer, on peut rapidement confondre les mots avenir et aven, ce puits naturel creusé par les eaux d’infiltration. 

“Lâchons le gros mot : je suis nostalgique”
Lâchons le gros mot : je suis nostalgique. Nostalgique d’une époque où les voitures roulaient sur les routes. Où les trains circulaient sur les rails et où on téléphonait avec un téléphone. Où on lisait les écrivains plutôt que de les convoquer pour ponctuer les mauvais discours. 
Les générations futures ont bon dos, en leur nom tout est permis. Elles ont l’avantage de renvoyer une image floue et de ne pas s’exprimer puisque, par définition, elles ne sont pas encore là, elles patientent, peut-être derrière un écran. Au contraire, la génération actuelle doit travailler, doit amener ses enfants à l’école, doit finir ses chantiers, payer ses fournisseurs, aller à la rencontre de ses clients. Parfois elle va skier, mais la plupart du temps elle est occupée à faire bouillir la marmite. Et vraiment, je suis nostalgique de tout ce qui aurait dû être fait depuis des décennies pour permettre à la génération actuelle de vivre normalement là où, à une époque prétendument moins progressiste, c’était possible. 
Mais parfois, l’incapacité à se concentrer fait confondre les mots programme et progrès.

Union Professionnelle Artisanale 66

Lecture conseillée : La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget aux éditions du Seuil.

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