Retraites agricoles : le mépris !

Mi-février Emmanuel Macron reçoit 700 jeunes agriculteurs à l’Élysée. Début mars, son gouvernement oppose son veto à l’augmentation des retraites agricoles. Et ce, en utilisant le recours au vote bloqué (article 4 alinéa 3 de la Constitution) lors de l’examen par le Sénat d’une proposition de loi pourtant approuvée par les députés le 2 février. Un texte qui visait à porter la retraite minimum de 75 à 85 % du SMIC, soit entre 871 et 987 € par mois. Précisons à ce titre que la pension de base perçue par les anciens exploitants est de 773 €. Ils étaient 1 447 325 cotisants non-salariés à y prétendre en 2016 pour un âge moyen de départ en retraite estimé à 63 ans et 2 mois. Un “blocage” qui intervient alors que 40 % des exploitants perçoivent un revenu inférieur à 350 euros.
En résumé, entre ce que touchent les ainés et ce que gagnent leurs rejetons, nul besoin d’avoir fait l’ENA pour prendre la mesure de la situation. Une situation de plus en plus préoccupante dans ces campagnes où le revenu des paysans conditionne en partie l’économie des territoires. Et où une augmentation de 10 % sur leurs modestes retraites aurait certainement permis d’améliorer l’ordinaire. Cet ordinaire qui permet de glisser un billet dans l’enveloppe des petits enfants en fin d’année, de pouvoir remplacer le vieux lave-linge ou de faire réviser le C15 pour qu’il puisse passer le contrôle technique.
Et bien non, braves gens, il faudra attendre, dans le meilleur des cas, 2020. Car, le 7 mars dernier malgré les huées, le sieur Christophe Castaner déclarait : “Ce n’est pas par une soirée de mois de mars qu’on trouve 400 millions d’euros”.
Il travailla pendant un siècle. Il travailla plus longtemps qu’il vécut
Et pourtant, monsieur le secrétaire d’État, si la France peut encore s’enorgueillir d’être la première puissance agricole de l’Union européenne avec 73,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés par ce secteur et plus de 10 milliards d’excédant commercial, c’est parce que celles et ceux à qui vous refusez cette modeste obole se sont retroussés les manches alors que vous n’étiez pas encore né. À ce propos, je vais vous livrer une confidence : mon père décédé en septembre 2014 à l’âge de 91 ans a commencé à travailler vers l’âge de 10 ans. Son père possédait quelques vaches et il fut le dernier à vendre du lait au village. Et puis il y eut la vigne, les jardins, la guerre, le travail obligatoire en Allemagne. Et, presque jusqu’à la fin, toute une vie dédiée à l’agriculture. Je dis presque jusqu’à la fin, car je crois qu’il avait 80 ans quand il descendit pour la dernière fois de son tracteur. Il travailla donc 70 ans à raison de 70 heures environ par semaine. Autrement dit, si nous pondérons ce chiffre avec une équivalence aux 35 heures, il travailla pendant un siècle. Il travailla plus longtemps qu’il vécut… Et vous venez emmerder, avec une histoire de 400 millions d’euros, ces retraités qui ont donné leur vie pour que la France d’après-guerre retrouve une place dans l’échiquier des Nations. Alors que le gouvernement vient de valider, avec une progression mensuelle de 5 512 à 7 716 euros, une augmentation de 40 % sur les indemnités des maires de grandes villes et autres présidents de Conseil régionaux et départementaux… Allez, restons-en là, avant que n’arrivent les gros mots !

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