Parkinson : 1 800 nouveaux cas par an chez les agriculteurs

En France, plus de 8 000 nouveaux cas de maladies de Parkinson sont révélés chaque année. Et les agriculteurs sont proportionnellement plus touchés que l’ensemble de la population, à hauteur de 13 % supplémentaires. Pour les scientifiques, la responsabilité de certains pesticides ne fait plus de doutes.
“Derrière les sacs et les bidons se cachait un poison”. C’est par ce titre que le vigneron Robert Tricoire, également contributeur à L’Agri, débutait l’une de ses chroniques, en novembre dernier. “Parkinson est un monstre qui ne t’enlève aucune capacité intellectuelle, afin que tu puisses mieux voir la déchéance physique vers laquelle il t’entraîne jour après jour” témoignait-il. Cette maladie neurodégénérative caractérisée par la destruction d’une population spécifique de neurones, les neurones à dopamine de la substance noire du cerveau, représente une cause majeure de handicap chez les personnes âgées de plus de 70 ans. “Au total, entre 100 000 et 120 000 personnes sont touchées en France, et environ 8 000 nouveaux cas se déclarent chaque année” note l’INSERM.

Davantage de cas dans les cantons viticoles
Il ne fait plus de doute aujourd’hui que les agriculteurs et employés agricoles sont proportionnellement plus touchés que le reste de la population française. “Environ 1 800 nouveaux cas par an se sont déclarés chez les exploitants agricoles âgés de 55 ans et plus, ce qui correspond à une incidence de 13 % plus élevée que chez les personnes affiliées aux autres régimes d’assurance maladie” relève l’agence nationale Santé Publique France. De nombreuses études confirment ce constat, dont une méta-analyse récente(1) qui va encore plus loin, affirmant que la population générale touchée par Parkinson “augmente avec la proportion de la surface des cantons consacrée à l’agriculture, notamment à la viticulture”.

Les insecticides de type organochlorés désignés
“Le rôle de l’exposition aux pesticides est bien établi”, note l’INSERM. “Des études de cohorte ont notamment été conduites en collaboration avec la MSA. Elles ont montré l’existence d’un risque accru de maladie de Parkinson chez les agriculteurs exposés aux insecticides de type organochlorés.” Citons, entre autres organochlorés (désormais interdits), le DDT, l’aldrine, le chlordécone, la dieldrine (utilisée un temps comme alternative au DDT), le toxaphène, etc. La maladie de Parkinson figure au tableau des maladies professionnelles du régime agricole depuis 2012. Pour autant, le nombre de victimes reconnues en accidents du travail et maladies professionnelles serait seulement, entre Parkinson et le lymphome non hodgkinien (autre maladie professionnelle reconnue), “de l’ordre de quelques centaines en dix ans”, selon un rapport interministériel(2) et donc “pas représentatif du nombre réel de victimes”. De fait, dans certains cas les malades seraient pris en charge dans le cadre d’affection longue durée pour une meilleure couverture.

Fanny Linares

(1) “Incidence de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs et en population générale en fonction des caractéristiques agricoles des cantons français”, BEH 10 avril 2018, in http://invs.santepubliquefrance.fr
(2) “la création d’un fonds d’aide aux victimes de produits phytopharmaceutiques”, avril 2018

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