Grand débat : coup de gueule d’Emmanuel Rizzi, vice-président Coordination rurale

 

Opération “ImPACtons” : incompétence et mépris politiques

Faut-il dépenser 1,5 millions d’euros pour s’entendre dire que l’agriculture idéale pour les citadins, néoruraux et associations pseudo-écologistes de tout crin est une agriculture sans chimie (de synthèse ça va de soi), peu productrice, avec des arbres, des oiseaux et quelques vaches qu’on ne trait ni ne tue ?
Faut-il dépenser 1,5 millions de fonds public pour aboutir à cette sempiternelle vision fantasmée de l’agriculture ?
Faut-il dépenser 1,5 millions et tant d’énergie pour définir une agriculture qui, dieu merci, ne verra jamais le jour ? Pourquoi “dieu merci” ? Parce que la solution optimale à un problème est rarement la solution idéale et c’est encore plus vrai en agriculture.
Tiraillée entre les injonctions contradictoires de production, de durabilité, de rentabilité et d’écologie au sens noble du terme, l’agriculture évolue dans un milieu contraint et chacun de ses choix entraîne ses propres conséquences en cascade. Ces contraintes et ces implications sont complexes et nombreuses. Penser qu’un citoyen, même informé, peut les appréhender en quelques réunions relève de la plus parfaite démagogie.
L’agriculture, au même titre que l’énergie, est un domaine de spécialistes. En France, deux tiers des citoyens pensent que le nucléaire est néfaste pour le climat alors que l’énergie qu’il produit ne dégage pas de CO2. Le niveau d’inculture en matière d’agriculture est malheureusement comparable.
Le grand public est abreuvé à longueur de journée par les reportages à sensations eux-mêmes repris en boucle par la plupart des médias sans le moindre recul et sans nuance.
Et de tout ça le gouvernement espère tirer la substantifique moelle ? Il espère démêler le faux du vrai, le partisan du pragmatique, le réel du fantasmé ? Il espère sortir une position qui lui permettra d’aller fièrement présenter nos conclusions nationales aux autres pays européens ?
En réalité cette consultation est, après les ZNT, un coup de poignard de plus dans le dos des agriculteurs, une façon de plus de les montrer du doigt, de les désigner comme incompétents, et de les rendre coupables de tous les problèmes environnementaux et de santé (réels ou supposés). C’est en tout cas comme ça qu’elle est perçue par bon nombre d’entre nous et j’en fais partie.
Une démocratie participative présuppose des citoyens éduqués et informés. Comme la seule connaissance agricole de beaucoup est celle distillée par France Télévision ou des émissions dites de “téléréalité”, au moins une des deux conditions n’est pas remplie.
Métaphore agricole oblige, ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

Emmanuel Rizzi
Vice président de la Coordination rurale

4 réflexions sur “Grand débat : coup de gueule d’Emmanuel Rizzi, vice-président Coordination rurale

  • 2 mars 2020 à 17 h 25 min
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    Bravo !
    “Une démocratie participative présuppose des citoyens éduqués et informés.”, tu as tout à fait raison de pointer la même schizophrénie qui s’est emparée des questions relatives à l’agriculture et à l’énergie.
    L’inculture des citoyens est-elle voulue, ou les gens sont-ils naturellement cons et stupides ? Je ne sais pas. En tout cas elle nous mène à de graves soucis, à moins que le choc de la réalité ne fasse le travail.

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  • 6 juillet 2020 à 10 h 58 min
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    Le problème du nucléaire n’est pas son influence sur le climat. Qui dit cela? Il y a moult raisons valables de critiquer le nucléaire, pourquoi mettre en exergue une affirmation fausse, une critique qui n’est jamais employée? Donnez moi la source qui prouve que deux tiers de français pensent que le nucléaire est nocif pour le climat. Les pédophiles non plus ne sont pas nocifs pour le climat, on peut tout dire et surtout tout inventer. Dommage ce mensonge détruit tout l’intérêt du texte. De plus parler d’inculture pour les gens qui ne partagent pas vos idées, c’est un peu limite, mais comme vous le précisez vous ne faites pas partie du grand public, c’est un tantinet prétentieux non?

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