On a manqué de masques, mais jamais de matraques

Vous souvenez-vous qu’une des premières mesures prises par ce gouvernement fut d’interdire la fessée des enfants, fustigeant l’attitude de ceux, détenteurs de l’autorité, qui outrepasseraient leurs droits parentaux pour infliger à leur progéniture des sévices corporels. Le même exécutif, quelques années après, a promulgué une loi qui a permis aux forces de l’ordre de verbaliser une vieille dame souffrant de troubles cognitifs, au prétexte qu’elle n’aurait pas correctement rempli son “ausweis” réglementaire. Si ces deux décisions paraissent contradictoires, un élément commun les relie, expliquant, au final, la dérive autoritaire dans laquelle s’est enlisé notre pouvoir. C’est toujours l’absence d’autorité qui engendre la violence. À l’instar du père, incapable, par une pédagogie simple, de maitriser son bambin turbulent, qui finit, excédé, par lui distribuer des “torgnoles”, nos gouvernants, perdus dans leurs atermoiements, ne trouvent plus que la force pour répondre aux questions légitimes qui leurs sont directement posées. À un doute exprimé, la réponse sauvage, primaire, reste toujours la même : l’usage de la violence et de la dissuasion pavlovienne. Le cas des enfants battus a déjà fait l’objet de maintes études. Elles aboutissent toutes à la même conclusion : le châtiment répété et injuste finit par engendrer des comportements de soumission, mais rarement des sentiments de révolte. Quand le père lève la main, quelle qu’en soit la raison, l’enfant se protège des coups, y compris quand il en ignore la raison. C’est un réflexe ! Une fois l’orage passé, plutôt que de trouver des motifs de se défendre, il développe, au contraire, un sentiment de culpabilité : “Ce doit être de ma faute. Je n’aurais pas dû faire du bruit. Je savais bien qu’il avait bu”. De son côté, le tortionnaire agit toujours de manière ambivalente, proposant la carotte après avoir usé du bâton. “Tu sais que je t’aime. Je suis là pour te protéger. Ce que je fais, c’est pour ton bien. Tu dois écouter”. Voilà pourquoi il est tellement difficile de construire un futur équilibré au sortir d’une enfance blessée.

Pour une raison qui nous serait supérieure

Le silence imposé contribue à laisser l’impression à la victime que c’est finalement elle la seule coupable. Nous sommes, aujourd’hui, dans la même situation que ces enfants martyrs. Plutôt que d’analyser ses faiblesses de jugement, notre exécutif a décidé d’appliquer, à tous, des sanctions aveugles et disproportionnées, en réponse aux comportements, qu’il juge pyromanes, d’une frange minoritaire mais coupable, désignée à la vindicte populaire. Et cela fonctionne ! De la même manière que les enfants d’une même fratrie finissent par punir celui qui excite les coups de leur bourreau commun, surgissent, aujourd’hui, les appels à la dénonciation de ceux qui refusent de revêtir un masque quand il est inutile, qui prétendent qu’il est plus dangereux de fréquenter le métro que de se promener dans la nature et qui demandent de réfléchir avant d’accepter, sans explications préalables, une vaccination dont l’innocuité ne parait pas évidente. Parce que nous nous comportons en “enfants battus”. Isolés, bâillonnés, terrorisés par un système médiatique qui nous abreuve de messages uniformes et anxiogènes, puis rassurés et cajolés par un président, tour à tour enjôleur puis liberticide, parqués comme du bétail dans l’attente d’une liberté conditionnelle, que nous donneront nos éleveurs, si nous sommes sages ! Nous sommes des enfants fatigués, épuisés, économiquement rincés, sans loisirs ni interactions sociétales, sans perspective ni autre rêve que celui de retrouver une vie normale. Coupés de nos familles et de nos amis, dépossédés de ce qui fait de nous des individus à part entière : la vie en société.
Et, à cette contrainte, l’objectif est de ne nous proposer qu’une seule alternative : celle de nous plier aux injonctions autoritaires. Y compris au prix de notre santé future. Pour une raison qui nous serait supérieure. Comme les enfants qu’on envoyait au front ! Personne ne vous interdit de vous demander si c’est la voie que vous désirez suivre.  Pour ma part, j’en choisirai une autre. 

Une réflexion sur “On a manqué de masques, mais jamais de matraques

  • 9 décembre 2020 à 11 h 56 min
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    Je vous conseille docteur, la lecture de “ci-gît l”amer, guérir du ressentiment”,
    d’une de vos consoeurs (ou confrères au choix) , ça vous aidera.

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