Mildiou : guerre déjà perdue dans les Pyrénées-Orientales ?

L’année sera catastrophique pour la vigne. En plus de la crise de la Covid-19 le mildiou fait une percée historique dans le département.

On a pu croire que la tramontane de la semaine dernière allait assouplir la pression sur la vigne, que les traitements anti-milidou pourraient rester dans les hangars… Peine perdue. Les conditions météo que nous connaissons ce printemps sont propices à la pire attaque depuis la fin des années quatre-vingt. « En quinze ans de pratique ici, c’est la première fois que je vois du mildiou sur les sarments ou les vrilles » témoigne Julien Thiery du service viticole de la Chambre d’agriculture. La pression est partout dans le département en dépit de son hétérogénéité d’une exploitation à l’autre. « Cela dépend des interventions des vignerons, s’ils ont pu pénétrer dans les parcelles à temps, quitte comme beaucoup l’ont fait, à le faire avec l’atomiseur à dos, et surtout au bon moment, c’est-à-dire avant les pluies et non pas après. » Tous les cépages sont touchés, avec en tête de liste les grenache, carignan et muscat d’alexandrie dont la sensibilité est proverbiale.

Rare. Du mildiou sur sarment (photo Julien Thiery / Chambre d’agriculture)

Se battre ou baisser les bras ?

Comment en sommes-nous arrivés là ? « On a eu beaucoup d’eau depuis le début de l’année, et beaucoup d’humidité. Les premières taches sur feuilles ont été signalées le 27 avril. Cela faisait suite au dernier épisode pluvieux conséquent, avec plus de 150 mm entre le 18 et le 22 avril. Il y a eu ensuite un autre épisode de pluie du 9 au 16 mais, suivi d’un épisode de forte rosée matinale du 18 au 22 mai. Soit deux semaines complètes de contamination » précise encore Julien Thiery. Qui ajoute que se reposer sur la tramontane de la semaine dernière était une fausse bonne idée. De la pluie est encore annoncée ce milieu de semaine, puis ce week-end de fête des mères, puis dans le courant de la semaine prochaine. En plaine les dégâts sont déjà importants mais le pic de sensibilité est passé. Le pire est maintenant à redouter pour les vignobles situés plus haut, qui sont encore en pleine floraison, en d’Estagel à Caudiès, à Tarerach ou Vinça… Tout aussi cruels sont les choix que les vignerons doivent maintenant faire, compte tenu du contexte. Est-il raisonnable, économiquement, de continuer à traiter des vignes alors qu’une partie de la récolte est déjà perdue ? Bref, que reste-t-il à sauver et le jeu en vaut-il la chandelle ?

Yann Kerveno

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