Lettre au président de la République française

Monsieur le président,
Le 4 avril 2019 le journal l’Agri des P.-O. et de l’Aude organisait une rencontre sur le thème “Agriculture, artisanat : distorsions de charges européennes, on fait quoi ?” Aucun parlementaire n’a daigné assister à cette réunion. Il n’y avait pas non plus le moindre représentant de l’État ou des administrations publiques. Et pourtant, Monsieur le président, voilà plus de trente ans que le département des Pyrénées-Orientales est impacté par les compétitions déloyales.
Savez-vous que nous sommes passés de 14 700 exploitations agricoles en 1980 à 2 500 en 2019 ?
Savez-vous que, sur la même période, notre viticulture départementale est tombée de 55 000 hectares à 23 000 et de 2,5 millions d’hectolitres à moins de 700 000 ?
Savez-vous que, dans les P.-O., l’arboriculture comptait 12 406 ha en 1980 et que ce secteur n’en compte plus que 4 500 aujourd’hui. Alors que, dans le même temps, le maraichage est passé de 8 000 ha à seulement 1 300. Avec, uniquement en production de salades, 45 millions de pieds plantés en 2018 contre 250 millions voilà 30 ans ?
Savez-vous que les friches ont progressivement envahi la plaine du Roussillon, suscitant une déprise économique, sociale et environnementale sans précédent au sein d’un département où le revenu moyen des ménages est l’un des plus faible de France ?
Savez-vous que, pour cette période, nous sommes passés de 5 000 camions par jour à plus de 18 000 transitant par la frontière franco-espagnole ?
Savez-vous qu’en Andalousie, donc en Europe, des salariés en provenance du Maghreb sont logés dans des conditions indignes et sont payés quatre euros de l’heure ? Savez-vous qu’une nouvelle main d’œuvre en provenance d’Amérique du Sud accepte dans cette région une rémunération à deux euros de l’heure ?
Savez-vous que les tomates, en provenance du Maroc et importées sur le marché européen, sont produites au Sahara Occidental où des “esclaves des temps modernes” sont payés 5 euros par jour ?
Savez-vous que les taxis espagnols peuvent effectuer leurs maraudes en France sans être contrariés, alors que les taxis français se font saisir leurs véhicules en Espagne et doivent acquitter des contraventions de plusieurs milliers d’euros ?
Savez-vous que 300 fourgons d’entrepreneurs espagnols transitent chaque jour par Puigcerdá pour venir usurper les marchés et les chantiers de nos artisans Nord catalans ?
Savez-vous que du vin espagnol est importé sur notre sol à 35 euros l’hectolitre alors que le coût de revient minimum est de 60 euros sur le sol français ?
Voilà, Monsieur le président, à présent vous le savez.
Bien respectueusement.

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