Lettre à Sibeth Ndiaye qui a retrouvé du boulot (Par Jean-Paul Pelras)

Madame,
C’est avec une indicible exaltation que j’apprends votre récente nomination chez Adecco France où vous allez donc exercer la fonction de secrétaire générale. Dans un premier temps, étant légèrement dur de la feuille, j’avais, veuillez m’en excuser, compris que vous étiez embauchée dans la déco. Et je vous imaginais déjà remplaçant au pied levé madame Damidot en salopette bigarrée, rouleau et raclette en main, repeignant murs et plafonds dans quelques lofts parisiens.
Vous voilà donc, loin de ce bricolage auquel vous nous aviez pourtant habitués avec vos déclarations à l’emporte-pièce lorsque vous portiez la sacrosainte parole gouvernementale, désormais propulsée à la tête du numéro un mondial du travail temporaire dont le siège social est basé en Suisse. Pays où, comme je l’indiquais dans ma précédente correspondance, votre ex-consœur Agnès Buzyn a également pu dénicher un boulot puisqu’elle vient d’être embauchée à l’OMS. L’Helvétie confirmant, de ce fait, sa réputation de terre d’asile et d’exil.
Mais revenons un peu à ce curriculum vitae et à vos compétences pour le monde du travail qui vous ont, sans nul doute, permis d’accéder à ce poste. Née à Dakar en 1979 dans une famille bourgeoise sénégalaise, vous obtenez la nationalité française en 2016, passez par le lycée Montaigne et l’Université Paris-Diderot avant d’adhérer à l’Union nationale des étudiants de France, puis au Parti Socialiste où vous êtes chargée du service presse, successivement auprès de Bartolone et de Montebourg. Vous passez ensuite sous pavillon LaRem auprès de Macron que vous ne quitterez plus d’une semelle depuis la création d’En marche, jusqu’à ce secrétariat d’État où vous avez occupé la fonction de porte-parole du gouvernement. C’est dire votre aptitude à maîtriser les aléas et les atouts du CDD, du CDI et de tout ce qui concerne, de près ou de loin, le monde du travail, qu’il soit définif ou intérimaire.
Le 6 juillet 2020, vous quittez le gouvernement avec l’arrivée de Castex à Matignon après avoir laissé quelques souvenirs singuliers dans une galaxie médiatique marquée par vos pressions, vos accréditations “conditionnées” et vos remarques décalées. Remarques consécutives au décès de la “meuf” Simone Veil, à ces kebabs que les Français préfèrent aux homards plébiscités par de Rugy, ou, pour ne citer que ces petites fantaisies, à ce port du masque que vous jugiez inutile avant de vous raviser quelques semaines plus tard “l’évolution du consensus scientifique” ayant influencé votre avis.
Vous qui déclariez “J’assume de mentir pour protéger le président de la République” êtes donc passée de votre fonction de bodyguard élyséenne au poste en charge des affaires publiques et juridiques d’une entreprise zurichoise dont vous êtes également, in petto, devenue membre du comité exécutif.
Comment ne pas être émerveillé par une promotion aussi fulgurante alors que le commun des mortels met, la plupart du temps, des décennies à gravir les échelons lui permettant d’accéder aux cimaises d’une hiérarchie. Les grincheux diront que c’est pour avoir frayé dans l’entre-soi du pouvoir que vous êtes parvenue à décrocher le job. Laissez dire ces inconscients qui, au lieu de babiller à tort ou à raison, feraient mieux de réprimer leurs critiques puisque, grâce à cette soudaine promotion, vous n’oserez peut-être plus jamais récidiver en politique sous les ors de la Nation.

Jean-Paul Pelras

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