Les drêches d’Aurélie Brunet [par Yann Kerveno]

À Marquixanes, elle a créé les Drêches d’Aqui, une petite entreprise qui produits des petits crackers à partir des coproduits de la brasserie voisine, l’Alzina.

Les histoires de vie s’écrivent parfois, souvent, avec des “zigs zags”, des hésitations, des erreurs et/ou des choix courageux. Comme beaucoup d’autres, le parcours d’Aurélie Brunet n’échappe pas à cette logique des temps modernes qui rompt la linéarité ancestrale des carrières. Originaire de la région lyonnaise, elle s’est installée dans les Pyrénées-Orientales voici une dizaine d’années. C’était une rupture avec sa vie d’avant, sa formation en arts plastiques, la photographie, le multimédia dont elle fait son métier. À son arrivée dans notre département, elle s’installe à Bouleternère, porte du Conflent où est en train de se développer la brasserie artisanale Alzina… “Nous avons goûté les bières, suivi le développement, je me suis intéressée au processus. Et Fabien galérait vraiment avec les drêches, les éleveurs n’étaient pas forcément intéressés et en compost, ça fermente vite, c’est vite l’enfer, ça sent assez mauvais” explique-t-elle. Un reportage à la télé lui donne la clé. L’idée vient de Belgique, où les drêches, ce qui reste des céréales une fois qu’elles ont donné ce qu’elles ont à donner à la bière, sont déjà utilisées en alimentation humaine et non seulement pour le bétail. “J’ai mis un peu plus d’un an ensuite pour élaborer ma recette basée sur les drêches de la brasserie de Fabien.”

Farines, barres de céréales…

Avec, comme pour chaque développement de produits, des tâtonnements, parfois c’est trop épais, parfois c’est trop sec… “Mais, aujourd’hui, je suis au point” précise Aurélie Brunet qui a imaginé plusieurs recettes salées avec thym, de la farine de sarrasin, du curcuma, de l’ail des ours ou du paprika, entre autres, ou sucrées avec du sucre de canne, de la cannelle et de la fleur d’hibiscus… Travaillant encore à côté de l’activité qu’elle a créée, Aurélie Brunet court un peu après le temps… “Je travaille toute seule, je fabrique mes cinq recettes, je livre les points de ventes.” Les drêches d’Aqui sont vendues dans les boutiques du département, cavistes, épiceries… “Je suis à flux tendu, à fond tout le temps” sourit-elle, mais il n’est pas encore temps de faire la bascule d’abandonner son autre job. Il lui faudrait, pour cela, développer un peu plus sa clientèle. “J’aimerais travailler avec les restaurants, vendre en vrac avec des bacs et un système de consigne que j’ai déjà imaginé. Les boutiques, ça travaille, mais c’est un peu au ralenti vu le contexte et l’activité n’est pas suffisante pour que je puisse m’y consacrer à plein temps.” La Covid et la fermeture de la restauration ont ainsi un peu freiné ses projets de développement. Cela ne l’empêche pas de penser à l’avenir. Elle pourra bientôt arborer le logo de l’agriculture biologique sur ses produits puisque sa matière première, toujours les drêches de l’Alzina, est aussi certifiée bio. “Mais je pense aussi à d’autres produits, cela se fait ailleurs, des farines peut-être, des barres de céréales…”

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