Le sens de la vie

J’ai vécu le silence, le silence de la chronique, le silence intérieur, le silence tout simplement. Un besoin vital de me taire et d’observer, de déchiffrer et d’analyser. Un temps pour saisir l’impénétrable et transcender sa propre pensée. Et je ne comprends pas. Je n’arrive pas à concevoir l’invraisemblable. Je n’arrive pas à me représenter le moment où tout a basculé. Bien évidemment, je suis en capacité de théoriser sur la temporalité, l’approche historique, politique, géopolitique, économique… Ce que je ne perçois pas, ou plutôt me refuse à admettre, c’est la part de l’humain au sein de cette gabegie dans laquelle l’humanité se trouve engluée. Ce qui le pousse véritablement à un tel égocentrisme, narcissisme et individualisme l’encourageant inéluctablement vers la détestation de l’autre. Durant toute cette crise sanitaire nous avons tout vu, surtout de l’incompétence criarde, mais aussi de la folie collective et des incohérences poussées par un mode de vie ultralibéral dans lequel, certains plus que d’autres, exultent. Je suis, entre autres, chercheure, géopoliticienne, paysanne et je m’aperçois que le bon sens a quitté bon nombre d’entre nous. Les mensonges, les tromperies, les impostures, les mystifications, les fanfaronnades sont notre quotidien. Comment l’humain peut-il encore parvenir à discerner la cohérence ? Je vais m’attarder sur deux cas de figure. Le premier a trait à ce que France Soir a qualifié de LancetGate. Bien évidemment, nous partirons du postulat que les recherches du journal sont sérieuses. Avec un côté faussement naïf, je m’interroge de savoir comment les journalistes ont eu accès à toutes ces données et comment les services de renseignement, proches semble-t-il des politiques et du président, ne les ont pas alertés de la même manière que les journalistes ?

À n’importe quel prix…
Plus sérieusement, pour quelles raisons l’État français, partant du président, en passant par le Premier ministre, le ministre de la Santé, sans compter les conseillers et les hauts fonctionnaires, n’ont pas creusé les sources de cet article du Lancet ? Surtout en cela que des chercheurs moins clivants que certains professeurs célèbres, au nom de la Science s’inquiétèrent assez tôt de cette publication. Un ami me soumettait cette interrogation, “oui, les renseignements les ont probablement alertés, mais ils s’en balancent, le pouvoir est une drogue, une addiction, le pouvoir à n’importe quel prix”. Mais, en se basant sur un article intrigant et fourvoyé, le pire, sans aller aux sources des décisions politiques, a été adopté. Si des recherches efficaces démontrent l’utilité ou l’inutilité d’une politique, d’un traitement, d’une décision cela devient légitime. Mais si cette décision est prise par ignorance ou concussion, alors cela est grave. Le malheur est bien là. À n’importe quel prix, de la sphère locale à celle internationale, oubliant la valeur de l’intérêt général, certains n’hésitent pas à vendre leur honneur. Cette forfaiture est celle de mon second intérêt : l’agriculture. La prévarication qui a conduit à considérer l’agriculture comme n’importe quel bien marchand – nous pouvons y ajouter, entre autres, la santé et les services publics – a conduit à la catastrophe dans laquelle les agricultures du monde entier sont tombées. L’indépendance alimentaire n’existe plus. Elle est laissée aux mains d’un marché ultralibéral qui ambitionne la fin de la petite paysannerie, faisant fi de l’Humanité au nom du profit. Cette situation est terriblement inquiétante pour que chacun examine le sens qu’il compte donner désormais au mot Vie.

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