La victoire en chantant… (pourvu qu’il ait le talent) !

J’ai regardé l’autre soir la cérémonie récompensant chanteurs, musiciens et autres comètes déjà à moitié éteintes du show-business. J’avais déjà dit ce que je pensais du vélo qui chante “Tu connais toutes mes positions préférées….T’aimes mon corps, t’aimes quand on fait du sexe” dit-elle dans sa dernière chanson. Du coup, je suis content, à 26 ans elle vient de découvrir le sexe, mieux vaut tard que jamais. De là à en faire une chanson, elle n’est pas la première, elle ne sera pas la dernière, elle l’a fait, en plus nul, c’est une habitude. Quant à la prestation de celle qui aurait pu être la promise du Tristan, il aurait fallu, pour entrer dans la légende bretonne originalisant l’amour courtois, savoir que “y’a et y’a pas” se prononce en français “il y a et il n’y a pas” et que, pour faire une phrase poétique, il faut savoir aligner un peu plus que sujet-verbe-complément. Quant à Biolay, c’est tellement un clone de Gainsbourg et de Bashung réunis que ça pique les yeux et fait mal aux oreilles. De plus, artistiquement parlant, avoir Jonasz dans la salle qui en plus chante “la maison de retraite” et récompenser Jane Birkin, j’en fus quitte pour aller me coucher en me disant que c’était la cérémonie du naufrage ou du désastre de la musique réunis.
Mais, comme ça fait une semaine que Karo chante à tue-tête un petit air, je lui laisse la place pour qu’elle nous en parle.

C’est bien ça Didoo, je me suis levée un matin avec ce petit air dans la tête, heureux hasard ou prise de conscience nocturne puisque nous étions au mois de février.
Certains la reconnaîtrons d’emblée, d’autres un peu moins…
“Février de cette année-là…
C’est le début de notre histoire,
Mais le corona n’était pas encore passé par là !”
Maxime Le Forestier a eu une scolarité perturbée. Renvoyé, il se tourne rapidement vers la musique, commence à écrire et chante en duo avec sa sœur Catherine. Auteur-compositeur-interprète, il a souvent dépeint la société avec ce regard provocateur mais réaliste du moment vécu. Dans la période d’instabilité et d’absence de liberté que nous vivons, j’ai été étonnée de voir de quelle façon cette chanson raisonnait et combien elle était toujours d’actualité.

Un psaume pour le futur

“La mort va-t-elle faire une trêve Au cœur des hôpitaux en grève” ou “On parlait d’un docteur Miracle”, “On parlait encore et déjà de tensions internationales, de jugements et de scandales” etc. Où en est-on aujourd’hui ? Les hôpitaux publics crient leurs besoins depuis tant d’années à travers des grèves à répétition, certains médecins se sont jetés dans le fatras médiatique en tournant le dos à l’éthique et au serment d’Hippocrate en placardisant leurs pairs. L’absence de masques puis l’absence de vaccins ne font qu’exacerber les tensions internationales…
Cette chanson m’a donné le tournis, c’est un copier-coller de tristesse, presque 50 ans plus tard. Les Unes titrent sur des affaires d’inceste chez les “riches”, de viols dans des écoles supérieures, de détournements d’argent par des politiques corrompus, la vie est arrêtée, pas de bars, de cinés, de bons gueuletons entre amis, de musées, de spectacles…
Février 2021 n’est pas une chanson, cela doit être un psaume pour le futur. Il est certain que les victoires de la musique n’ont pas récompensé le chanteur engagé car il n’a pas changé le monde, mais sûrement le poète romantique et mélancolique de “La maison bleue” à “Fontenay aux roses” où il était prêt à “mourir pour une nuit” afin de “rester amant” pour “quitter ce monde heureux” sans attendre “les jours meilleurs”.

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