La tomate peine à sortir du confinement [par Yann Kerveno]

Le marché n’a pas la fluidité habituelle en tomate et les prix ne sont pas satisfaisants.

Depuis le début de la saison les producteurs de tomates sont “dans le dur” explique Bruno Vila, producteur dans les Pyrénées-Orientales. “La situation est assez compliquée depuis la sortie du confinement, nous avons de la peine à écouler les produits, que ce soient la tomate ou le concombre, le marché n’est pas fluide et les prix sont très bas, c’est particulièrement difficile pour la tomate cerise et les produits bios…” Si la situation tendait à s’améliorer juste après le 14 juillet, la tomate cerise justement avait déjà passé 21 jours en état de crise. Quand il cherche des explications à cette situation, Bruno Vila avance plusieurs facteurs qui s’ajoutent : “En premier lieu il y a la météo, qui n’est pas exceptionnelle depuis la fin du confinement et n’incite pas forcément à la consommation de tomates ou de concombres. En second lieu, les magasins sont en retrait sur leurs ventes, outre l’aspect météo, il y a de toute façon moins de consommation. Est-ce lié au spectre de la crise économique qui se prépare, est-ce que les gens font plus attention ? Ou est-ce lié aussi à l’absence d’une partie des touristes étrangers cet été ? Cela représente 20 millions de personnes sur une année normale” avance-t-il. Il y a aussi la question de la présence des produits espagnols ou marocains dans les rayons. Des relevés de prix et de provenance ont été organisés ces derniers jours dans les enseignes. “À priori, c’est relativement correct sur ce plan-là, nous sommes parvenus à reprendre des parts de marché sur les tomates cerises en barquettes en contractualisant, c’est plus compliqué sur les petits fruits, segment pour lequel on retrouve beaucoup de produits espagnols…”

Gamelle en bio
Plus exceptionnel, le marché est aussi engorgé sur la bio, en concombre et en tomates. “Les prix sont trop élevés en rayon, on voit des tomates à 5 € le kilo quand elles sont payées 1,5 € au producteur, un euro de moins que l’an dernier et il y a énormément de produits espagnols encore en rayon. Nous avons encore un gros travail à faire, syndicalement, pour imposer l’origine France” ajoute Bruno Vila. Les difficultés sont d’autant plus surprenantes que la bio a plutôt bien fonctionné pendant le confinement, “parce que c’est un label qui évoque la santé et que les formats des magasins sont aussi plus modestes, font moins peur que les hypers.”
Bruno Vila se demande aussi si la nouvelle réglementation, interdisant la commercialisation de produits bios issus de serres françaises chauffées avant le premier mai n’a pas compliqué la donne cette année. “Avant cette date, vous n’avez donc que des produits d’importation. Et démarrer le deux mai, dans un mois avec des ponts qui se succèdent, ce n’est pas facile commercialement parlant.” Alors qu’avant, les premières tomates françaises bio préparaient le marché dès le mois de mars. “Maintenant, tout arrive en même temps, les serres chauffées et les abris froids alors que les produits espagnols occupent le terrain.”
La timide reprise de la mi-juillet peut-elle sauver la donne ? “C’est difficile à dire, mais ce qui nous inquiète, c’est l’atmosphère de guerre des prix entre enseignes que nous voyons arriver avec la contraction de l’économie. Chaque enseigne va vouloir faire des promotions exceptionnelles et comme d’habitude, ce sont les producteurs qui vont payer les pots cassés.”

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