La lumière ne peut plus s’éteindre ! (Par Jean-Paul Pelras)

Alerte rouge vendredi dernier chez RTE à cause de températures inférieures de 4 degrés aux normales de saison. Le réseau électrique demande à l’usager de réduire sa consommation s’il ne veut pas être confronté à des coupures de courant. Inquiétant, bien sûr, quand on sait que, ce jour-là, la pointe de consommation est survenue en milieu de matinée avec un peu moins de 88 GW, alors qu’en février 2012 nous avons atteint 102 GW.
Entre temps, Fessenheim a fermé et nous avons implanté de l’éolien un peu partout sur le territoire. Seulement voilà, ce jour là, le vent n’a pas soufflé… Sachant que cette énergie représentait, au 31 mars 2020, 10,8 % de la consommation électrique française et le solaire 1,7 % (sources ministère Transition écologique). Reste à importer de l’électricité, comme en 2012, avec des “connexions” qui peuvent atteindre 14 GW dont 2,6 GW consentis par l’Allemagne dans un contexte où ce pays va, à l’horizon 2022, réduire sa production énergétique issue du charbon et du nucléaire.
Alors, pourquoi a-t-on failli être plongé dans le noir le 8 janvier ? Parce que, si l’on s’en réfère aux explications données par le fournisseur d’électricité, Covid oblige, l’entretien du parc nucléaire a pris du retard. Rajoutons à cela une surconsommation due au télétravail et voilà que la lumière vacille.
Nous n’avons guère entendu ce jour-là, alors qu’il fallait se mettre à chercher les bougies et rallumer le poêle à bois, les opposants au nucléaire et aux énergies fossiles, fervents partisans par ailleurs de la voiture électrique. Une alternative, soit dit en passant, qui pourrait concerner 15,6 millions de véhicules en 2040 (étude Sélectra). Autrement dit, si elles sont chargées en même temps 17,1 GW de puissance appelée, 7 % de la consommation électrique française, 8 fois ce que consomme Paris en hiver, ou 27 % de la puissance actuelle du parc nucléaire national.

Nous ne pourrons pas faire la fine bouche

C’est jouable, à condition qu’il ne fasse pas trop froid, que le vent souffle suffisamment pour faire tourner les grands tourniquets blancs, que le soleil soit de sortie pour alimenter les centrales photovoltaïques, que l’on ne ferme pas d’autres réacteurs nucléaires, que l’on maintienne l’activité hydroélectrique, que la population n’augmente pas de façon exponentielle, que nos fournisseurs extérieurs ne coupent pas les robinets… Et patati et patata. Autrement dit, jouable mais risqué. Très risqué même, quand on sait que la quasi-totalité de nos activités (numérique compris) dépend de l’électricité.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale en électricité devrait augmenter, démographie oblige, de 60 % d’ici 2040. Un phénomène du à une urbanisation croissante et au développement économique des pays émergents avec des niveaux de vie supérieurs à ceux d’aujourd’hui et, entre autres produits énergivores, de plus en plus de climatiseurs en fonctionnement.
Il faudra donc s’en remettre à toutes les formes d’énergies pour répondre à cette demande sans faire la fine bouche entre solaire, éolien, nucléaire, hydroélectrique, mais aussi et entre autres, pétrole, bois et charbon…
De Thomas Edison à Greta Thunberg, le monde a bien changé. Et, quoi qu’en disent ceux qui pensent que nous sommes allés trop loin, son plus grand challenge sera, pour éviter le chaos et car la machine ne peut plus s’arrêter, de toujours garder la lumière allumée.

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