Insectes : la grande menace ?

Diuraphis noxia ou puceron russe du blé. Originaire d’Asie centrale, il s’attaque aux cultures de blé et d’orge. Copyright : Texas AgriLife Extension Service

Une récente publication démontre que le réchauffement climatique pourrait favoriser le développement de populations d’insectes capables de causer d’importants ravages dans les productions mondiales.
“[…] Elles recouvrirent la surface de toute la terre et la terre fut dans l’obscurité ; elles dévorèrent toutes les plantes de la terre et tous les fruits des arbres, tout ce que la grêle avait laissé et il ne resta aucune verdure aux arbres ni aux plantes des champs dans tout le pays d’Égypte […]” Va-t-on un jour connaître comme ici dans le livre de L’Exode (10:13-14,19), avec l’invasion des sauterelles, le même châtiment que celui infligé par Dieu avec les 10 plaies d’Égypte au Pharaon et à son peuple ? Nous n’en sommes pas là. Mais en parcourant l’étude de la revue Science publiée le 30 août dernier, il faut tout de même s’inquiéter des répercutions inattendues que peut avoir le réchauffement climatique sur certaines espèces. Car, au-delà de l’impact direct suscité par la sécheresse, les inondations ou, entre autres, les incendies, la prolifération de certaines espèces pourrait impacter sérieusement les rendements agronomiques. Selon cette étude : “Le rendement global des cultures de céréales (blé, riz, maïs) pourrait baisser de 10 % à 25 % par degré supplémentaire à cause des pertes infligées par les insectes”. Des chercheurs ont, à ce titre, examiné le comportement de 38 espèces d’insectes et ont constaté que la chaleur augmentait leur taux métabolique, donc leur appétit. Une population d’insectes qui aurait tendance à croitre dans les zones tempérées comme dans certaines régions d’Europe, en Chine ou encore aux États Unis. En cas de réchauffement de 2°C les pertes globales pourraient atteindre 46 % pour le blé, 31 % pour le maïs et 19 % pour le riz. Ce qui équivaut, selon Scott Merrill, chercheur à l’Université du Vermont, à 42 % des calories nécessaires à l’humanité.

Des milliards de descendants…
Parmi ces insectes citons le Diuraphis noxia ou puceron russe du blé. Originaire d’Asie centrale, il s’attaque aux cultures de blé et d’orge. Toujours selon Scott Merrill : “Ces insectes, femelles, naissent déjà enceintes de leurs filles, chacune étant déjà enceinte de petites-filles”. Inquiétant, car seulement quelques spécimens pourrait engendrer des milliards de descendants.
D’autre part, selon May Berenbaum, entomologiste à l’Université de l’Illinois “Une hausse du CO2 atmosphérique pourrait affaiblir la capacité des plantes à produire des toxines les protégeant des insectes”. Des effets dus au réchauffement avec une répercution sur certaines bactéries qui, à l’inverse, nourrissent les populations d’insectes nuisibles. Sachant que pourraient être impactés des insectes utiles à la chaine alimentaire car, entre autres, pollinisateurs.
Un bouleversement en perspective qui montre déjà le bout de son nez dans notre quotidien avec la pyrale du buis, la chenille processionnaire, le frelon asiatique ou, tout simplement, le moustique tigre, insectes migrants, résistants et contre lesquels il existe peu de moyens de lutte si ce n’est l’insecticide, à condition qu’il soit adapté. Une alternative qui suscite bien des débats. Mais qui, avec l’utilisation des variétés OGM résistantes à certains prédateurs, pourrait, en cas d’invasion territoriale ou planétaire, répondre, au moins temporairement et de façon ciblée, aux menaces susceptibles d’impacter la chaine alimentaire.

Jean-Paul Pelras

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