Et si demain nous mangions de la merde ?

Et si demain c’était Google et Microsoft qui remplissaient vos assiettes ? Installés devant votre écran géant, votre imprimante 3D se chargera de produire vos steaks végétaux, dont la recette arrivera directement sur votre smartphone 6G. Vous avez aimé le “companion” de Moulinex, qui cuisinait pendant que vous étiez encore au travail ? Vous allez adorer cette cuisine “high tech”, qui vous évitera les files d’attente dans des supermarchés où sévissent virus et agents infectieux aussi invisibles que sournois. Quelques sacs de poudre de soja, de blé et d’oléagineux, un peu de levure OGM, de l’huile de coco et de la cellulose de bois, un supplément buvable de vitamine B12 et de lysine, et du jus de betterave pour donner la couleur, beaucoup de sel et d’eau. Vous allez gouter au privilège de pouvoir consommer une nourriture saine, respectueuse de la planète et de la condition animale.
Vous croyez que je plaisante ? Pas vraiment. Depuis moins de dix ans et l’apparition du premier steak artificiel, fabriqué grâce au soutien financier de Serguey Brin, cofondateur de Google, des milliardaires de la Silicon Valley, des GAFAM et les géants de l’agroalimentaire, dont Monsanto, se sont introduits dans la brèche. La stratégie est simple : inonder les ondes de messages ciblés stigmatisant les responsables. Afficher un objectif idéaliste en se présentant comme “bienfaiteur de l’humanité”. Ensuite on modifie les pensées, on calibre les réflexions et on entraine, par effet de mode, une prise de conscience collective pour l’élaboration d’un monde meilleur. Derrière cette idéologie transhumaniste, qui voudrait que la technologie et le progrès modifient en les dopant les performances de la race humaine, se cachent des intérêts financiers absolument colossaux, basés sur l’avènement de la biotechnologie, les biocarburants, les biomatériaux et les produits biosourcés.

Suggérer un besoin qui paraît justifié
Pas plus que votre mobilier de maison, votre nourriture n’échappera à cette transformation. Et cela se fera avec votre consentement. Pas celui de la génération des “boomers” dont nous faisons partie. Non : de la génération suivante, celle de vos enfants et de vos petits-enfants, avec lesquels, déjà, les repas de famille sont devenus houleux dès que se profile la question de savoir ce que sera le menu dominical. Pas de viande pour Stéphanie. Pas de gluten pour Eléonore. Pas de blanc d’œuf pour Sylvain qui est allergique… Et une côte de bœuf pour le papé parce que sinon il va être chiant toute la semaine !
Heureusement, mon espérance de vie étant limité à 2 décennies, j’échapperai à ce nouveau paradigme. Mais ceux qui sont plus jeunes vont devoir s’habituer. Leur budget “nourriture” est jugé trop lourd par ceux qui veulent privilégier la consommation d’objets connectés, de loisirs et de ce que nous propose un marché toujours évolutif. Réduire ce budget à sa portion congrue, en donnant en contrepartie des gages de qualité nutritionnelles aux consommateurs, une bonne conscience et l’illusion qu’ils agissent pour un bien commun, voici la clef de ce stratagème. La nanotechnologie, le “forçage génétique” et la biologie synthétique feront “mieux et moins cher” que l’agriculteur, le tracteur, le troupeau et le poulailler ancestraux. Pour le moment, et durant quelques années, le goût et la composition de ces produits laisseront à désirer. Mais il ne s’agit là que de petits détails d’ajustement, qui seront très vite solutionnés. Le plus dur est déjà fait : suggérer un besoin qui parait justifié, manipuler la pensée collective par une surinformation univoque et sans contradiction possible, museler les oppositions en les rendant inaudibles.
Depuis des mois, vous ne vous réunissez plus, vous avancez masqués, vous vous méfiez de votre voisin et de vos rencontres. Vous subissez une information anxiogène et sans contradiction sur votre santé. Les ingrédients sont là pour que vous répondiez sans vous défendre. Le piège est déjà fermé. Mais il faut que je vous laisse : je vais au poulailler chercher les œufs pour l’omelette. J’ai trouvé des girolles dans les montagnes où l’on me laisse encore le droit de me promener !

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