Élus du territoire : une fronde nécessaire ! (Par Jean-Paul Pelras)

Évidemment, le vent de contestation qui souffle sur les institutions françaises n’est pas forcement perceptible à l’heure où l’actualité emporte tout sur son passage, le remède comme le mal, le discernement comme l’aveuglement. Et pourtant, au milieu de ce désordre, des voix se font entendre pour réclamer le nécessaire rééquilibrage des pouvoirs. Au Sénat tout d’abord avec des parlementaires qui ont rejeté par 178 voix contre 130 et 27 abstentions les mesures de confinement présentées par le Premier ministre. “L’hyper-présidentialisation de nos institutions va trop loin” déclare un sénateur, alors qu’une sénatrice demande au président de la République de “cesser son exercice solitaire du pouvoir”. Le Sénat qui doute et veut se doter de moyens d’expertises et d’informations concernant l’évolution de l’épidémie.
La terre tremble également sur les bancs de l’Assemblée nationale où certains députés ne sont guère plus amènes envers le pouvoir en place, tel Jean Lassalle qui déclare dans un communiqué : “Le président Macron décide seul du confinement et organise le lendemain un débat à l’Assemblée nationale, devenue une simple chambre d’enregistrement. Il veut nous prendre en otage de décisions déjà prises. Pour conduire la politique telle qu’il la conçoit, pourquoi ne met-il pas alors en œuvre l’article 16 de la Constitution, pour s’octroyer les pleins pouvoirs ? (…) En improvisant ce mélange des genres, il a dénudé de tout sens l’expression parlementaire. Ces décisions arbitraires portent en germe les risques d’une déchirure de l’unité nationale !”
Et puis viennent les maires qui ont décidé, contre vents et préfets, de braver l’État en publiant des arrêtés autorisant la réouverture des commerces dans leurs communes. Une initiative que certains éditorialistes jugent démagogique car elle viendrait de surcroit “flatter la popularité des élus”.

Quand le doute trace son chemin dans l’esprit des Français
Et pourtant, qu’ils soient d’un bord politique ou d’un autre, ce coup de gueule républicain est évidemment nécessaire, pour ne pas dire salutaire. Car il rappelle aux cardinaux de service du côté de Lutèce que les élus du territoire ne doivent plus être considérés comme quantité négligeable. Ce territoire dont ils sont le ciment et sur lequel Jean Castex misait dès son arrivée à Matignon pour s’attirer la sympathie d’une partie de la population. Ce territoire qui déchante aujourd’hui car, dimanche soir, le chef du gouvernement n’était plus, comme nous avons pu le titrer ici même en juillet, le Premier ministre de la ruralité, mais bien celui des Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon) au détriment des commerces de proximité…
Si certains, tenus en respect par la publication journalière des chiffres et les 135 euros visant à censurer leur désobéissance, n’osent plus exprimer la moindre contestation, il n’en demeure pas moins que le doute trace, lentement mais surement, son chemin dans l’esprit des Français. Ce doute qui empoisonne depuis des mois et des années la relation censée unir élus et citoyens. Quand pour redresser le pays nous n’avons besoin ni de simulacres, ni de duplicité. Mais d’un peu plus de confiance, d’un peu plus de vérité.

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