Les “sous” de la PAC : sujet tabou !

Début mai, L’Agri consacrait un dossier aux aides PAC intitulé “Le pourquoi et le comment”. Dossier où nous nous interrogions sur certains montants attribués à des associations cinématographiques ou spécialisées dans “le développement de projets artistiques”. Nous faisions également référence à certaines communes ou communautés de communes et autres associations de pêche à la ligne ou sociétés civiles immobilières qui pouvaient prétendre, de toute évidence via le programme Leader, aux aides octroyées dans le cadre du second pilier de la PAC. Il s’agissait alors de montants éligibles au titre des campagnes 2014-2015 et 2015-2016. Bien que surprenantes, ces sommes, qui atteignaient parfois des centaines de milliers d’euros pour certaines communes, étaient éligibles au nom de “la diversification”, de “la stratégie locale de développement”, de “la qualité de vie”, de “la promotion des activités touristiques”… Un tiroir méconnu qui ne l’est de toute évidence pas pour tout le monde. Et une Politique agricole commune souvent décriée par celles et ceux qui, sans le savoir, profitent directement ou indirectement de ces subsides. Une petite communication sur le fait que les agriculteurs ne soient pas les seuls à percevoir des aides PAC serait, à ce titre la bienvenue. Des agriculteurs qui, bien entendu, demeurent les principaux bénéficiaires de ces soutiens avec, concernant la période 2016-2017, des montants qui ont attiré notre attention pour le département des Pyrénées-Orientales. Et ce, avec des écarts conséquents par rapport aux années précédentes que nous avons essayé de comprendre. Passage des DPU aux DPB, montages juridiques, constitutions de GAEC, verdissement des aides, courses aux surfaces, investissements, suppression de la PHAE au profit de l’ICHN… sont censés apporter autant de réponses plus ou moins vertueuses.

Une course aux hectares qui jugule les possibilités d’installation
Dans “L’absolutisme inefficace”, paru en 1992, Jean François Revel disait : “Qu’il s’agisse de culture ou d’agriculture, la majoration continuelle des subventions résume le secret du génie politique”. Un génie qui, de surcroit et selon la formule consacrée, s’emploie à diviser pour mieux régner. Nous pouvons en effet penser, pour avoir entendu quelques commentaires sur le sujet, que depuis le 3 mai et la parution de ce dossier, le site Télépac connait une fréquentation tout aussi assidue que celui de Météo France. Pourquoi ? Et bien tout simplement car les amplitudes, les libellés et les montants ont de quoi susciter quelques interrogations. Au sein des filières tout d’abord. Mais aussi d’un secteur de production à l’autre. Et que dire de “certains” ou de “certaines” croisés sous les fenêtres de quelques administrations où ils et elles étaient venu(e)s réclamer un manque à gagner indexé non pas sur un revenu mais… sur une prime. Alors que les montants perçus par ces mêmes “syndicalistes” le 15 octobre dernier se chiffraient en dizaines et parfois même en centaines de milliers d’euros ?
Ceux-là, ceux qui ont compris le système, ceux qui en abusent peut être, en utilisant des montages juridiques pour démultiplier le nombre d’associés avec une course aux hectares qui jugule les possibilités d’installation, jettent le discrédit sur un monde agricole déjà suffisamment stigmatisé.
Loin, bien loin de ces discours altruistes, anticapitalistes et altermondialistes que l’on entend raisonner çà et là devant un feu de cheminée en trouvant, et nous pouvons les comprendre, que la montagne est décidément bien belle quand l’automne vient d’arriver.

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