CIVL : “L’interprofession la moins coûteuse de France”

Miren de Lorgeril : “Nous serons beaucoup plus stricts cette année sur la progression des volumes de rosés.”

Élue voici un an à la tête du Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc, Miren de Lorgeril a tenu à procéder à un premier bilan.

Que s’est-il passé depuis un an au CIVL ?
Mon arrivée correspond aussi à l’arrivée de nouveaux administrateurs, nous avons rajeuni et féminisé nos instances. Cela se traduit tout de suite par une meilleure assiduité aux travaux que nous organisons, donc plus d’efficacité. Ensuite, nous avons lancé une chasse aux coûts importante et procédé à une restructuration interne. À la suite d’un audit que nous avons réalisé, nous sommes aussi parvenus à réduire nos coûts de fonctionnement de 14 %. Nous n’avons pas reconduit certains contrats, généralement des gens assez jeunes qui pouvaient avoir envie d’aller ailleurs, pour nous concentrer sur des embauches de personnes plus qualifiées, parce que le marché est tel aujourd’hui qu’il nous faut être plus pointus sur tous les sujets. Nous avons par exemple recruté une nouvelle directrice stratégie marketing qui va prendre ses fonctions ces jours-ci et qui doit nous permettre d’aborder plus efficacement la communication numérique que nous n’avons pas suffisamment abordée jusqu’ici.
Les producteurs des AOC du Languedoc doivent-ils s’attendre à une augmentation de leur contribution pour satisfaire aux besoins de communication plus pointus ?
Non, ce n’est pas du tout à l’ordre du jour. Nous sommes l’interprofession la moins coûteuse de France pour les vignerons, avec une cotisation volontaire obligatoire à 3 euros l’hecto, soit 2 centimes par bouteille. Or, dans le même temps, tous les coûts ont fortement augmenté par ailleurs. Il faut d’ailleurs signaler que, si les coûts sont stables pour les producteurs, c’est aussi grâce à l’appui de la Région Occitanie et aux fonds européens que nous pouvons mobiliser par FranceAgriMer. Et cela dans un contexte bien particulier où nos concurrents sur le marché mondial investissent des fortunes en communication, que ce soit en Australie, au Chili ou en Californie.
Qu’en est-il du marché ?
C’est complexe sur les rouges en entrée de gamme et en grande distribution en particulier. Il n’y a pas de marché et ce sont probablement les Corbières qui souffrent le plus actuellement de cette panne. Le Languedoc voit ses sorties en retrait de
8 % pour l’instant alors que les segments qualitatifs progressent. Pour le reste, les blancs et surtout les rosés connaissent un dynamisme très fort. Nos parts de marché ont progressé de 26 à 35 % en 5 ans, c’est très important, pour autant, la production de rosé ne représente que 18 % de nos volumes, nous avons donc une marge de progression très intéressante.
Justement, n’y a-t-il pas un risque de surchauffe pour les rosés ?
Non je ne crois pas parce que nous sommes vigilants. Ce sont des produits où nous gagnons de nouveaux consommateurs. Le rosé est sorti du strict univers du vin pour s’imposer dans celui des boissons et qu’ils soient de gastronomie ou de soif, la qualité que nous avons atteinte nous fait gagner des parts de marché auprès des femmes notamment et des millenials. Dans le même temps, nous remarquons aussi que les jeunes consommateurs de rosés ne se tournent plus forcément vers les rouges comme ils le faisaient auparavant. Pour éviter la surchauffe comme vous dites, nous avons signé un accord à trois interprofessions pour limiter les augmentations de production. Nous avons un système qui s’appelle GPS qui encadre la progression de la production chez les vignerons pour qu’ils ne commercialisent que ce qu’ils peuvent vendre. C’est un système lissé sur 15 mois qui permet de progresser mais de manière raisonnable. Jusqu’ici nous avons été assez compréhensifs sur les dépassements, mais cette année nous serons bien plus vigilants et rigoureux parce que nous terminons l’année avec un peu plus de stocks que les années passées. Mais le rosé est bien un des trois axes forts du plan stratégique que nous mettons en œuvre.
Quels sont les deux autres ?
La segmentation des vins du Languedoc, en premier lieu, avec des plans d’action pour chacun des segments de notre gamme et le développement durable. Nous avons lancé un observatoire qui vise à recenser l’ensemble des actions liées au développement durable et nous incitons les entreprises et les ODG à se pencher sur la haute valeur environnementale ou la bio.

Yann Kerveno

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