Cap Leucate : pour Lilian Copovi, il faut aller chercher de nouveaux marchés [par Yann Kerveno]

Nouveaux axes de commercialisation, développement de la bio, nouveaux marchés, la cave de Cap Leucate poursuit son adaptation au contexte économique du moment.

Vous deviez tenir votre assemblée générale ces jours-ci, qu’en est-il ?
Nous allons devoir reporter notre assemblée générale compte tenu du contexte. Donc nous allons bientôt prendre une date pour une assemblée avec vote par correspondance pour le statutaire et pour tout ce qui est informel passer par la visioconférence. Nous ne pouvons pas faire autrement, c’est regrettable parce que je voulais en profiter pour donner un maximum d’informations sur la conjoncture et notre nécessaire réadaptation au contexte qui est le nôtre aujourd’hui.
Quelles sont justement ces évolutions ?
Elles sont importantes. Il y a d’abord les mouvements d’actionnariat de Vinadeis qui viennent d’être adoubés par la haute autorité de la concurrence. Ces mouvements vont amener la coopérative Val d’Orbieu à se prononcer sur l’engagement d’apport total. Ainsi nous aurons maintenant la possibilité de livrer au choix de 51 % à 70 % de notre vendange. Mais nous sommes dans une phase transitoire qui nous autorise, pendant deux ans, à livrer ce qui se faisait originellement. Cette année, pour commencer à s’adapter à ce changement, nous n’avons fourni que 76 %.
Cela implique que vous allez devoir développer vos propres débouchés…
Oui, c’est un travail que nous avons bien entamé et qui part, c’est vrai, un peu dans toutes les directions, sur des marchés très différents, mais il ne faut rien négliger dans le contexte qui est le nôtre. Nous estimons avoir environ une quinzaine de milliers d’hectolitres à commercialiser par nous-même. Nous faisons la promotion de l’outil moderne que nous détenons et prospectons, faisons connaître nos savoir-faire au-delà de nos frontières régionales, à d’autres metteurs en marchés susceptibles d’être intéressés par nos démarches, tant environnementales que technologiques. Nous allons aussi développer la mise en bouteille, avec de la personnalisation, des partenariats avec la petite distribution locale. Nous avons aussi expédié deux containers vers la Chine, ce n’est pas facile, mais on espère qu’ils feront des petits…
La vente directe est-elle une des voies retenues ?
Oui, d’ailleurs, bien que nous ayons pris, comme tout le monde, une grosse gamelle au confinement, le reste de l’année nous a permis d’effacer ces pertes du printemps. Et la tendance se confirme au mois de janvier, nous sommes encore en progression. Et nous élargissons l’offre de nos boutiques avec de nouveaux produits, de la bière… Mais la vente directe c’est aussi Internet. Nous avons travaillé cette année avec un stagiaire en alternance et consacré un peu de moyens à cela. Le chiffre d’affaires est passé de 3 000 à plus de 50 000 euros, nous allons encore développer ce canal.
Et dans les vignes ? Il y a des évolutions ?
Oui bien sûr, nous continuons de développer la bio, cela représentera bientôt plus de 10 % de nos surfaces. Notre objectif, c’est aussi d’être certifiés HVE sur 100 % de la surface de notre vignoble. Pour le reste nous allons aussi replier une petite partie des volumes d’AOP, Fitou et Corbières, vers des Pays d’OC. Nous avons préparé ce mouvement en sélectionnant les parcelles les plus adéquates, pour environ 4 000 à 5 000 hl.
Compte tenu de la crise, avez-vous dû toucher aux acomptes ?
Non, nous avons pu profiter des aides de l’État, en particulier du Prêt garanti (PGE), notre trésorerie est bien assise et elle le serait même si nous avions déjà remboursé le PGE, il n’y a pas d’inquiétude à avoir là-dessus. Alors c’est vrai, nous allons enregistrer une petite perte cette année, essentiellement liée aux pertes des SCEA qu’exploitaient certains vignobles et que nous sommes en train de liquider. Les vignobles sont repris par des vignerons adhérents. Pèse aussi sur notre résultat le retard pris dans la cession de la cave de Fitou. Mais les choses, sur ce dossier, sont aujourd’hui bien avancées et cela sera conclu dans les semaines qui viennent. Nous maintenons notre objectif d’être à l’équilibre dans deux ans et il nous faut encore tenir cinq ans pour voir le poids de l’amortissement du chai Laprade, nous en sommes à la 11e année, s’alléger un peu dans nos comptes.

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