Alternatives au désherbage chimique : l’arboriculture au pied du mur ?

Les annonces du gouvernement et du président de la République sur l’interdiction prochaine du glyphosate en France ont fait réagir l’ensemble du monde agricole.
SI l’union européenne envisage une interdiction totale de cette matière active à horizon 5 ans, le gouvernement français semble souhaiter avancer cette échéance à 3 ans. À l’occasion du salon de l’agriculture, le président de la République a complété son argumentaire en disant que, dans les cas où les alternatives ne seraient pas applicables (fortes pentes…) il pourrait y avoir des dérogations qui représenteraient environ 10 % des surfaces agricoles au plan national. Au niveau de l’arboriculture conventionnelle sur le département, même si l’inter rang est généralement enherbé et tondu, l’utilisation du glyphosate pour l’entretien du rang est actuellement souvent généralisée en vergers adultes. Les arboriculteurs doivent donc dès aujourd’hui réfléchir à des méthodes alternatives.
L’objectif est de trouver des solutions qui permettent à la fois de maintenir les performances agronomiques et économiques des vergers. C’est-à-dire limiter la concurrence des adventices pour garantir vigueur, croissance, et production de qualité et ce dans des conditions économiques acceptables pour leur mise en œuvre (investissement, coût d’utilisation…) afin de ne pas pénaliser plus encore la compétitivité de l’arboriculture française au plan européen.

Diverses méthodes sont à priori envisageables
Mettre en œuvre une nouvelle stratégie herbicide basée sur d’autres matières actives qui sont encore homologuées à ce jour. On sait que le panel d’herbicides autorisés en France se réduit de jour en jour et qu’avant de se tourner vers d’autres herbicides il faudra vérifier leur absence de phytotoxicité pour nos cultures et leur niveau d’efficacité qui souvent est inférieur à la référence glyphosate (“trous” dans le spectre des adventices, faible rémanence…). Sans parler de l’épée de Damoclès que constituera l’interdiction probable d’autres matières actives herbicides dans les années à venir.
Passer à un entretien mécanique du rang par l’acquisition d’un outil spécifique. Cette méthode est la plus largement répandue en AB. On connait son efficacité mais aussi ses contraintes au niveau du coût de l’investissement, du coût d’utilisation sur une campagne, nombre de passages et des adaptations qu’elle nécessite au verger (irrigation suspendue, mise en place sur un verger déjà implanté…).
Utilisation de nouvelles méthodes comme le paillage tissé (durable toute la vie du verger) ou l’enherbement permanent du rang avec des espèces non concurrentielles ou autres méthodes en devenir ? Ces méthodes nouvelles doivent être validées pour vérifier leur durabilité et leur impact sur les performances du verger.
Face à ces alternatives et pour répondre aux attentes des arboriculteurs, de nombreuses expérimentations ont été mises en place au niveau des instituts techniques et des stations régionales d’expérimentation mais il faut du temps pour tester tout ce matériel qui est en constante évolution et vérifier son adaptation aux différentes espèces fruitières et aux différentes conditions pédoclimatiques. Des démonstrations de matériel permettent également aux arboriculteurs de voir sur le terrain, en fonctionnement, le comportement des différents matériels proposés par les constructeurs. En partenariat avec le Fédération Régionale des CUMA, la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales a organisé une démonstration de matériel d’entretien du rang en arboriculture le vendredi 30 mars dernier à Rivesaltes. Une quinzaine de constructeurs ont pu présenter leurs matériels en conditions réelles.

Éric Hostalnou
Responsable service Fruits et Légumes
Chambre d’agriculture 66

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