Aides PAC : le “pourquoi” et le “comment” !

Que deviendrait le territoire français sans les aides consenties par la Politique agricole commune ? La réponse est simple : une étendue de friches où la forêt, les taillis, le maquis, la sauvagine reprendraient en quelques années le dessus sur à peu près tout ce qui est actuellement cultivé. À cela, il faudrait ajouter la déprise irréversible d’un monde rural qui dépend étroitement de l’induction agricole, avec le maintien de ses commerces, de son artisanat, de ses services. Et pourtant la PAC ne fait plus l’unanimité. Tout d’abord auprès du contribuable européen qui ne comprend plus le sens de ces aides, alors que l’agriculture est systématiquement dévoyée ou assimilée à un productivisme rentier et pollueur.
Ensuite, au sein même de la profession, parce qu’il y a ceux qui réclament, pour parler très clairement, une part du gâteau, car confrontés aux compétitions intra européennes qui ne leurs permettent plus d’exercer dignement leur métier. Il s’agit principalement des producteurs de fruits et légumes dont le nombre n’a cessé de diminuer en 30 ans. Alors faut-il, en comparant le chiffre d’affaires départemental des marchands de matériel agricole, opposer les éleveurs aveyronnais aux maraichers roussillonnais ? Certainement pas. Ce qu’il faut dire, c’est que le soutien octroyé par la PAC est indispensable pour les premiers et qu’il est insuffisant pour les seconds. À ce stade du propos, les responsables politiques diront que la situation, via la convergence des aides, va évoluer. Peut-être, mais beaucoup trop lentement. Car, quand on connait les coûts de productions en maraichage ou en arboriculture, on sait que quelques dizaines d’euros à l’hectare ne suffiront pas à inverser la déprise.

Insolites bénéficiaires et légitimes interrogations
Arrivent ensuite les aides du second pilier. Celui où, lorsque l’on consulte la liste des bénéficiaires, notre regard s’arrête sur quelques attributions, très importantes ou plus insolites. Il y a tout d’abord ces sommes qui dépassent parfois le million d’euros versées à des entreprises viticoles, arboricoles ou légumières, qu’elles soient individuelles ou coopératives. Il s’agit d’aides aux filières justifiées par des investissements souvent conséquents visant à accroitre la compétitivité et le fonctionnement des entreprises. Dans la foulée, nous découvrons les montants consentis au secteur de l’élevage avec parfois quelques surprises quand, sur un massif déshérité comme celui des Albères, un éleveur perçoit plus de 96 000 euros en 2015 et plus de 85 000 l’année suivante. Une manne certainement due au travail accompli pour entretenir les parcours, moyennant tout de même environ 8 000 euros par mois.
Et puis, et peut être surtout, il y a cette association qui organise, en Conflent, des rencontres cinématographiques et qui reçoit respectivement 23 565 euros pour la campagne 2015-2016 et 33 833 pour la suivante. Idem pour cette autre association spécialisée dans le “développement de projets artistiques” qui perçut dans la vallée de la Têt 68 438 euros en 2016. Sans oublier ces communes et ces communautés de communes qui encaissent des dizaines et des centaines de milliers d’euros pour “la promotion des activités touristiques”, “la qualité de vie”, “la diversification” ou, entre autres, “la stratégie locale de développement”. Une liste où nous pouvons également croiser quelques associations de pêche à la ligne ou quelques Société civiles immobilières et autres vignerons ayant bénéficié du “Soutien de leur diversification vers des activités non agricoles” pour des montants dépassant parfois 80 000 euros. Comprenez aménagement de gîtes ruraux dont l’activité, comme celles citées précédemment, peut bénéficier des subsides européens, car éligible, entre autres, au programme Leader. Voilà qui répond au “pourquoi”.
Reste ensuite la question du “comment”. Sur ce point, celles et ceux qui sont en train de se poser la question en lisant cet édito et en consultant dans la foulée “Telepac bénéficiaires” doivent peut être se rapprocher des organismes publics, territoriaux et consulaires susceptibles d’apporter quelques “précieuses” réponses à leurs “légitimes” interrogations.

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