Agroécologie : Michel Planas sera-t-il récompensé au CGA ? [par Yann Kerveno]

S’il a une drôle de tournure cette année, le Concours général agricole compte un agriculteur catalan en finale, dans la catégorie Agroécologie…

L’expérimentation n’a pas donné toute satisfaction mais elle intéresse. Au point que Michel Planas, arboriculteur à Eus, a reçu le 1er prix régional agroécologie-agroforesterie du Concours général agricole et qu’il est en lice pour le concours national qui sera jugé au mois de mai prochain. De quoi s’agit-il ? D’une expérimentation qu’il a menée pour s’affranchir d’une contrainte lourde. Remplacer le tracteur par des ruminants dans les vergers. “Mettre des brebis dans les vergers pendant l’hiver, je le fais depuis un moment et c’est assez classique. Ce qui m’intéressait, c’était de tester un pâturage permanent en adaptant le verger” explique-t-il. “Avec les troupeaux, vous êtes obligé de les sortir au moment où la végétation débute, cela ne peut fonctionner que l’hiver, c’est du pâturage saisonnier. Mais en adaptant un verger, on doit pouvoir mettre en place des systèmes avec pâturages permanents.”

Faire progresser

Jusqu’ici, avec l’aide de deux bergers, il a utilisé deux systèmes : le pâturage tournant à la journée avec un troupeau de brebis laitières et un pâturage en parc mobile, l’éleveur déplaçant les clôtures tous les deux jours. Pour son expérimentation, il a utilisé un verger équipé d’irrigation et fixé la frondaison à 1,40 mètre au lieu des 60 ou 70 centimètres habituels, de façon à ce que les brebis ne puissent pas croquer les fruits. “Le système est intéressant mais il faut le faire progresser” explique encore Michel Planas, qui avoue que l’expérimentation n’a pas donné tous les résultats qu’il espérait. “On va corriger cela. Globalement, ce que je retiens, c’est qu’il faut planter sur des porte-greffe plus vigoureux, qui vont pousser plus vite et qu’il faut densifier.” Pour la première parcelle, il était à 1 000 arbres à l’hectare et pense aujourd’hui qu’il faut aller jusqu’à 1 600 arbres. C’est ce qu’il projette pour l’extension d’un hectare et demi qu’il a en tête, en plus de planter des variétés anciennes qui donneraient à la parcelle un “rôle de conservatoire végétal.”

Alternative au tracteur

Mais il est aussi persuadé que le pâturage permanent, dans la mesure où les rendements s’approchent de ceux des vergers conduits de manière classique, est une bonne solution pour en implanter dans des zones en pente où la mécanisation du travail du sol est impossible. “En bio, nous ne pouvons pas avoir recours aux produits de synthèse comme les désherbants, le travail mécanique est donc le seul moyen d’entretenir les parcelles. Mais cela a un coût et ce n’est pas forcément formidable pour l’environnement non plus” détaille-t-il. “L’autre avantage, pour les troupeaux et les bergers, c’est que comme les vergers sont irrigués, l’herbe pousse tout le temps en bonne quantité.” Ce qui, dans les Pyrénées-Orientales, peut s’avérer précieux. Un exemple d’association à suivre ?

L’exploitation

Les vergers des deux vallées ont été créés en 1984 et ont été convertis en bio en 2009. Michel Planas y produit surtout des pommes mais aussi des pêches et nectarines, des poires et du raisin de table, sur une trentaine d’hectares. Il commercialise en direct mais aussi auprès de grossistes et de magasins spécialisés.

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